Accéder au contenu principal
Ressource en eau

Manifestation d’agriculteurs à Mont-de-Marsan pour l’accès à l’eau


AFP le 21/02/2023 à 14:09

Un millier d'agriculteurs ont défilé mardi en direction de la préfecture des Landes à Mont-de-Marsan pour défendre le maintien de leurs droits de prélèvements pour l'irrigation et la construction d'ouvrages de stockage d'eau, en plein épisode de sécheresse hivernale « préoccupante » selon Météo-France.

Après avoir été reçue par la préfète des Landes, une délégation des manifestants a indiqué que des « mesures conservatoires » avaient été annoncées pour deux ans, en attendant qu’un accord pérenne sur la gestion de l’eau dans le bassin de l’Adour soit trouvé.

Selon Paul Carrère, vice-président du Département des Landes et de l’entité gestionnaire Irrigadour, « l’idée est de maintenir les quotas pour 2023 et 2024 », soit les 208 millions de m3 disponibles sur le bassin, « tout en continuant à travailler à un accord pour consolider l’irrigation sur 15 ans ».

Il met en avant un nécessaire équilibre entre « demande environnementale » et agriculture : « Il y a un travail à faire sur les eaux usées ou sur d’autres économies d’eau qui permettraient de maintenir les quantités tout en évitant de pomper dans les nappes ».

Sollicitée par l’AFP, la préfecture n’a pas souhaité faire de commentaire. Avant de quitter les lieux dans l’après-midi, des agriculteurs ont déversé du lisier et des pneus sur plusieurs centaines de mètres, en laissant aussi derrière eux une grande bâche noire sur laquelle on pouvait lire : « L’eau, quand on y tient, on la retient ».

Les manifestants venus de quatre départements du Sud-Ouest (Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Gers et Landes) à l’appel de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs ont marqué un premier arrêt pour déverser de la paille devant la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM).

Dans un communiqué, les deux syndicats accusent la DDTM d’avoir transmis « avec maladresse et précipitation » une « version non amendée » de l’Autorisation unique pluriannuelle (AUP), leur permettant de pomper 1 800 mètres cubes d’eau par hectare, à l’Autorité environnementale, qui a rendu selon eux un avis « négatif » et « critique ».

« Il y a une ambiance négative autour de l’eau, ce sera bientôt un péché d’irriguer », a lancé à la foule François Lesparre, président de la FDSEA 40, pendant qu’une délégation était reçue par la préfète des Landes.

« 2022 a été une révélation sur le fait qu’on manquait d’eau mais la seule variable d’ajustement choisie c’est de baisser les quotas », a regretté son homologue pour les Hautes-Pyrénées, Christian Fourcade, déplorant qu’il n’y ait pas eu dans son département « de construction d’ouvrage pour le stockage d’eau depuis 1830 ».

« On en a ras-le-bol, on tape sur les agriculteurs, mais notre but ce n’est pas d’assécher la planète », a encore déclaré Marlène Duru, salariée agricole landaise de 27 ans, qui redoute de devoir renoncer à un projet de production de fruits rouges si l’accès à l’irrigation est restreint.

En janvier, le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) se disait « assez pessimiste » sur la disponibilité l’été prochain de l’eau souterraine, qui fournit deux tiers de l’eau potable et un tiers de l’irrigation agricole.

« La France subit une sécheresse météorologique préoccupante », a averti mardi Météo-France, en confirmant que le pays venait de vivre une « série de 31 jours consécutifs » sans véritable pluie, « du jamais vu durant un hiver météorologique ».

« Je ne suis pas inquiet, nous ne sommes qu’en février. S’il ne pleut pas d’ici fin mai, là ce sera plus inquiétant », relativise Serge Dubroca, 60 ans, producteur de maïs dans les Landes. « Il n’y a pas besoin d’affoler les gens pour rien du tout, on est tout de même ici dans une région océanique arrosée ».