Maïs en fleur et faible demande favorisent des prix des grains stables
AFP le 09/07/2025 à 18:30
La promesse de belles récoltes mondiales, avec en particulier des conditions « idylliques » pour le maïs américain en pleine floraison, la faible demande sur le marché international et l'incertitude sur les surtaxes douanières américaines favorisent la stabilité des prix des céréales.
De la mer Noire à la Bourse de Chicago, les cours du blé et du maïs évoluent très peu ces derniers jours.
La céréale du pain a clôturé mardi à 5,43 dollars le boisseau (environ 27 kg) en légère hausse, tandis que le grain jaune s’affichait à 4,11 dollars le boisseau (environ 25 kg), en repli.
Les conditions de culture sont particulièrement « idylliques » sur la Corn Belt américaine et « s’améliorent même, ce qui est extrêmement rare à cette période, où le maïs est en pleine floraison », relève Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.
Selon un rapport du ministère américain de l’Agriculture publié lundi, 74 % des surfaces de maïs américain sont actuellement dans un état considéré comme « bon » ou « excellent », contre 73 % il y a une semaine et 68 % l’année dernière à la même période.
A Chicago, à la veille de la fête nationale du 4-Juillet, « le marché a rebondi » car « certains avaient prévu que les conditions météorologiques deviendraient un peu plus défavorables », et un peu aussi dans l’espoir « d’un possible accord commercial avec la Chine » après plusieurs réunions en Europe, relève Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors.
Chine absente
Finalement, la météo est restée clémente et concernant les droits de douane, « le marché ne sait [toujours] pas à quoi s’attendre », résume-t-il.
Donald Trump a instauré des surtaxes douanières sur toute une série de produits.
Initialement, elles devaient commencer à être collectées le 9 juillet, après un précédent report, mais le président américain a signé lundi un décret pour les repousser au 1er août. Un report critiqué par l’ONU car il « prolonge en fait la période d’incertitude, minant les investissements à long terme et les contrats d’affaires ».
La volatilité des cours des graines, liée en avril aux annonces et contre-annonces sur les droits de douane, s’est essoufflée : les marchés « se sont désensibilisés », dans l’attente de mesures concrètes et d’éventuelles impositions « de droits de douanes réciproques », relève Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX Financial.
Si l’issue finale du bras de fer américano-chinois n’est pas encore connue, les analystes constatent que pour le moment, la Chine est quasiment absente des marchés agricoles, en dehors de quelques achats d’orge à l’Australie.
« La Chine deviendra un sujet plus important au fur et à mesure que nous avançons dans le mois de juillet » car c’est pendant cette période « qu’elle commence vraiment à augmenter ses achats de soja pour les livraisons de l’automne », estime Arlan Suderman.
Et il faudra voir à ce moment-là si Pékin « se tourne vers le Brésil plutôt que les Etats-Unis pour ses achats de soja », souligne Damien Vercambre.
« Rétention »
En attendant, ajoute-t-il, « le marché est mou, face à de bonnes perspectives mondiales de production ».
Dans un rapport publié vendredi, l’agence des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a estimé que la production mondiale de céréales devrait atteindre un niveau record cette année à 2,925 milliards de tonnes, en hausse de 2,3% par rapport à 2024.
En Europe, à cette abondance annoncée s’ajoutent plusieurs facteurs expliquant la stabilité des prix : il ne se passe pas grand chose sur le terrain parce que le retour des pluies, depuis dimanche, dans la partie nord-ouest de l’Europe et en particulier en France au nord de la Loire, a « mis sur pause la récolte » , explique Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France.
« Les prix étant bas, sous les coûts de production, les agriculteurs ne vendent pas. Et les acheteurs internationaux sont aux abonnés absents », ajoute-t-il.
En mer Noire, les prix sont « au même niveau qu’il y a deux mois », relève-t-il. Alors que la récolte s’annonce meilleure que l’an dernier en Russie – entre 83 et 85 millions de tonnes selon les estimations – les premiers échos des toutes premières moissons, dans l’est de l’Ukraine et le sud de la Russie, sont « moins bons qu’attendu », ce qui incite les vendeurs à « la rétention ».