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Alimentation

L’UFC-Que Choisir milite pour l’adoption européenne du nutriscore


AFP le 13/10/2022 à 09:29
Nutri Score food labeling and food traffic light logo in a grocery store

(©Getty Images)

« On comprend en un clin d'oeil si le produit est bon pour la santé ou pas » : l'association de consommateurs UFC-Que choisir a réclamé mercredi via une trentaine d'actions dans des supermarchés français l'adoption obligatoire au niveau européen du logo « nutriscore » sur les produits alimentaires.

Dans les rayons du supermarché Leclerc de Bonneuil-sur-Marne, dans la région parisienne, Nadia Zaidi, 58 ans, se démène pour lire l’étiquette d’un paquet. « C’est du charabia ! », lance-t-elle, « et en plus il faut une paire de lunettes ! ».

Cette habituée du magasin se prête au jeu proposé par l’UFC-Que choisir : classer des produits similaires du meilleur pour la santé au moins bon. Pour les yaourts, par exemple, elle met devant ceux aux fruits au détriment de ceux au chocolat.

Perdu ! Elle est tombée en plein dans les « a priori des consommateurs » : « Dès qu’il y a du chocolat, les gens pensent que c’est gras ou sucré et que les fruits, c’est forcément meilleur », explique à l’AFP Olivier Andrault, chargé de mission alimentaire au sein de l’association, en révélant les nutriscore des produits.

Le but du jeu ? « Montrer combien le consommateur est perdu et comment en un clin d’œil, avec le nutriscore, il peut arriver à départager des produits », ajoute-t-il.

Apposé sur la face avant des emballages, l’étiquetage associant des couleurs (du vert au rouge) et des lettres (de A à E) vise à permettre aux consommateurs d’apprécier la qualité nutritionnelle globale des aliments, en évaluant leur teneur en « bons » nutriments – comme les protéines ou les fibres – et en « mauvais » – comme le sucre, le sel, ou les acides gras.

Depuis 2017, il fleurit sur certains emballages français… mais pas tous.

Car sa mention n’est pas obligatoire, laissant libres les industriels, qui empêchent selon UFC-Que Choisir « le consommateur de faire le choix le plus équilibré ».

« Antidote au marketing »

Environ « 40 % des produits alimentaires français ne portent pas de nutriscore, notamment lorsqu’ils seraient très défavorables », soupire Alain Bazot, président de l’association.

L’action de mercredi, menée dans une trentaine de magasins, dénonce via des affiches jaunes pétantes ces « grandes marques » – Coca-Cola, Ferrero, Lactalis, Lu, etc.- « qui ne jouent pas le jeu ».

Mais cela pourrait bien changer, car la Commission européenne, qui a déjà entériné le principe d’un affichage nutritionnel simplifié obligatoire, doit choisir d’ici à la fin de l’année le logo adopté à l’échelle européenne.

UFC-Que choisir milite en faveur du nutriscore, déjà testé dans sept pays européens et « très bien compris des consommateurs », selon M. Bazot, qui les invite à se joindre à la campagne en ligne d’interpellation de la Commission.

Véritable « antidote au marketing nutritionnel » selon M. Andrault – prenant en exemple deux marques de céréales au packaging « fitness » qui sont en réalité aussi sucrées que celles pour enfants – l’adoption du nutriscore constitue « un énorme enjeu ». « C’est pour ça que les lobbies de l’agroalimentaire se déchaînent actuellement pour le décrédibiliser », affirme-t-il.

Inadapté ?

Les producteurs de maroilles et de roqueforts s’étaient insurgés en 2021 contre l’étiquette simplifiée, car leurs produits finiraient selon eux toujours dans les deux plus basses catégories. L’Italie y est opposée pour les mêmes raisons.

« Il faut assumer ce qu’on fabrique et ce qu’on vend », assène M. Bizot. Les notes « obtenues par certains produits ne font que traduire leurs fortes teneurs en matières grasses saturées et sel », expliquait en mai l’UFC-Que choisir dans une étude, qui affirme que « deux tiers (62 %) des aliments du terroir français recevraient des notes favorables ».

Fin 2021, un collectif de médecins s’était insurgé dans le journal Le Monde de ce « lobbying contre le nutriscore », qui faisait primer les « intérêts économiques et politiques » sur la santé publique.

Soutenu « à l’unisson » aussi par le Bureau européen des unions de consommateurs, le nutriscore possède d’autres « effets vertueux », plaide M. Bizot, évoquant le fait qu’il avait déjà poussé certains industriels à améliorer la qualité nutritionnelle de leurs recettes.

« De toute façon, l’idée n’est pas de ne plus manger certains produits avec un mauvais nutriscore », conclut-il, « ça veut juste dire qu’il ne faut pas en manger trop souvent ou en grande quantité ! ».