L’Igas appelle à soutenir le bio et agir sur la composition des aliments
AFP le 10/12/2025 à 15:36
Limiter les teneurs en sel, sucres, graisse et additifs des aliments, prendre en compte leur « risque chimique », limiter la consommation des aliments ultra-transformés pour protéger les enfants et soutenir « très fortement » l'agriculture bio : telles sont les préconisations d'un rapport de l'Igas publié mercredi.
Dans l’attente de la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc), dont la publication, attendue depuis plus de deux ans, a été suspendue par le gouvernement fin novembre, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) ont évalué les deux programmes publics actuellement consacrés à l’alimentation.
Face à des évolutions inquiétantes – près de 10 millions de personnes, soit 18 % des adultes et 4 % des enfants en situation d’obésité en France en 2024, dont plus d’un habitant ultramarin sur cinq et une personne en difficulté économique sur quatre –, l’Igas a scruté l’efficacité du 3e Programme national pour l’alimentation (PNA) et du 4e Programme national nutrition santé (PNNS).
L’Igas fait le constat que ces deux programmes n’ont eu qu’une portée insuffisante, regrettant qu’ils « privilégient encore trop l’action sur les comportements par rapport à l’action sur l’environnement alimentaire ». Affirmant se focaliser sur les objectifs aux enjeux « majeurs », le rapport préconise donc de « renforcer l’action sur l’offre, aujourd’hui insuffisante, notamment en limitant les teneurs en sel, sucres, graisse et additifs des aliments ».
« Collecter régulièrement des données chiffrées »
Cela passe par des « accords collectifs plus nombreux », et un soutien « très fort » à l’agriculture bio, dit l’Igas, qui préconise aussi de « limiter la consommation d’aliments ultra-transformés et leur promotion publicitaire, pour renforcer notamment la protection des enfants et des jeunes ».
L’Igas juge en outre nécessaire de « prendre en compte le risque chimique » lié à l’usage de « pesticides, de contaminants environnementaux comme le cadmium, d’emballages plastiques porteurs de risques de perturbation endocrinienne ». Autre priorité identifiée : « disposer de données chiffrées collectées régulièrement, sur l’offre et la consommation alimentaires, l’état de santé, afin d’évaluer l’impact de l’action publique ».
L’Igas appelle enfin à « réduire les inégalités nutritionnelles sociales et territoriales, avec une vigilance marquée pour les Outre-mer » ainsi qu’à « intégrer pleinement les risques climatiques et environnementaux » au pilotage des politiques alimentaires.
Car « l’agriculture exerce une pression très forte sur les milieux, et contribue à leur pollution », note le rapport, soulignant qu’elle mobilise plus de la moitié de la consommation d’eau, avec de nombreuses pollutions par nitrates et résidus phytosanitaires.