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Au Space 2023

L’exécutif prié de faciliter les constructions et extensions de bâtiments


AFP le 13/09/2023 à 06:50

Les professionnels de l'élevage ont demandé mardi au ministre de l'agriculture de faciliter les constructions et extensions des bâtiments pour les animaux, dénonçant une « frilosité » des autorités et une opposition « systématique » des riverains et associations environnementales.

« Ils savent qu’en attaquant tous les projets, ils vont décourager les éleveurs », a regretté le nouveau président de l’interprofession porcine Inaporc, Philippe Bizien, lors d’un entretien avec le ministre au premier jour du salon des productions animales (Space), à Rennes.

L’éleveur du Finistère est lui-même au coeur d’un conflit depuis qu’il cherche à agrandir son exploitation de Landunvez pour passer à 12 000 porcs (une exploitation moyenne en compte 1 400 environ). Ses opposants, ralliés par Greenpeace, dénoncent une « mégaporcherie ».

« On est des petits entrepreneurs, c’est dur à vivre pour les éleveurs », a-t-il dit au ministre Marc Fesneau, estimant que les projets, « petits et gros », sont « systématiquement attaqués » et les délais de procédure « extrêmement longs », quatre ans en moyenne selon lui. Or, a-t-il plaidé, « quand on investit, on est meilleurs en [bilan] carbone, en bien-être [pour les porcs], en attractivité du métier » via la réduction de la pénibilité.

« Il faut que les préfets arrêtent d’être aussi frileux sur les dossiers, ça doit être beaucoup plus fluide », avance de son côté Carole Joliff, présidente du comité régional porcin de Bretagne.

Un couple d’éleveurs du Finistère, Virginie et Sébastien Penven, prend la parole. Ils veulent rénover et agrandir l’exploitation qu’ils détiennent depuis 2005, désormais « vétuste ».

Leur projet va selon eux notamment améliorer le sort des truies allaitantes, qui ne seront plus maintenues en cage. En parallèle, pour être rentables, ils comptent élever davantage d’animaux, avec autour de 5 500 porcs vendus par an, contre environ 4 000 actuellement.

« Aux yeux de l’administration on rentre entièrement dans les clous », affirme l’éleveur. Mais « on a une vingtaine d’associations contre nous », souffle son épouse.

« On va avoir un problème »

Dans le hall dédié aux acteurs de la volaille (poulet, oeufs…), Guillaume Le Bihan témoigne à son tour.

Son projet d’élever des poules plein air dans le Finistère n’avance pas depuis cinq ans. « Vingt-six de mes voisins ont monté une association et attaqué mon projet ». La justice administrative a tranché en leur faveur.

« Ils ont le droit de faire un recours, de s’inquiéter pour les odeurs… mais l’Etat avait validé le projet », s’étonne-t-il.

« C’est une mécanique qui aboutira à la fin à ce qu’on ne produise plus en France. (…) Si on continue comme ça il faudra chercher notre nourriture à l’étranger », commente le ministre.

Il faudrait « ramasser les procédures, donner un peu de stabilité et de visibilité juridique sinon on va avoir un problème », reprend Marc Fesneau un peu plus tard dans un discours devant les représentants de l’écosystème de l’élevage (syndicat majoritaire FNSEA, chambres d’agriculture, coopératives, interprofessions…).

« On ne peut pas se retrouver dans une situation où les collectifs se multiplient, les contentieux se multiplient et produisent une chose simple, c’est que les gens se découragent », ajoute-t-il.

Alors que nombre d’éleveurs approchent de la retraite et que la consommation de viande ne reflue pas, « les gens qui passent leur temps à dézinguer les activités agricoles et l’élevage (…) servent les gens qui veulent importer leurs produits chez nous, ils servent la baisse de souveraineté », a reproché le ministre, dénonçant « une forme de naïveté confondante qui nous livrerait en termes d’alimentation à des gens qui ne sont pas nos amis ».