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Reportage

Les sapins de noël désormais autorisés à la vente, mais « c’est trop tôt »


AFP le 20/11/2020 à 17:35
Plantatnion of young green fir Christmas trees, nordmann fir and another fir plants cultivation, ready for sale for Christmas and New year celebratoin

Plantatnion of young green fir Christmas trees, nordmann fir and another fir plants cultivation, ready for sale for Christmas and New year celebratoin in winter

Tout juste autorisé par le gouvernement à vendre des arbres de Noël, Habib Batnini, fleuriste parisien, en a installé vendredi matin devant sa boutique « pour monter aux gens que les sapins arrivent », même s'il ne s'attend pas à en vendre avant « la semaine prochaine ».

« Là, le 20 novembre, c’est trop tôt, les gens l’achètent à la fin du mois », ajoute-t-il sur le seuil de sa boutique, rue du Faubourg Saint-Denis. Il y trône désormais une dizaine d’arbustes, vendus entre 25 et 80 euros selon la taille.

Les sapins, « ça met les gens de bonne humeur », estime-t-il, « les gamins sautaient ce matin en allant à l’école, ça faisait plaisir ! Parce que franchement, sinon c’est triste ». Les deux magasins adjacents ont leur rideau de fer tiré.

Un décret publié jeudi a autorisé, à partir de vendredi, la vente d’arbres de Noël par livraison, le retrait de commande ou la vente directe à l’extérieur, ainsi que l’avait annoncé lundi le ministre de l’agriculture Julien Denormandie. « Cela nous fait du bien » pour les ventes du mois de décembre, explique Habib Batnini.

N’importe qui peut acheter un sapin sur le champ, mais « pour un bouquet de roses, il faut commander », précise le fleuriste. Les sapins sont les seuls articles que les fleuristes ont le droit de vendre sans commande préalable en « click and collect ».

Une « situation ubuesque » pour Florent Moreau, le président de la fédération française des artisans fleuristes (FFAF).

« Le client vient prendre son sapin et se dit « tiens, une botte de tulipes » et nous répondrions « alors non attendez, pour la botte, vous devez nous appeler… » Allons, soyons sérieux », regrette, amer, Pascal Mutel, le président de la chambre syndicale des fleuristes d’Ile-de-France. « On sait bien que ce n’est pas ça la vraie vie ».

« Le pic, c’est début décembre »

Près des Halles, les fleuristes Jean-Michel et Angèle Quievy ont installé devant leur échoppe une poignée de petits sapins « pour faire voir qu’on en a », mais la vente débutera « la semaine prochaine ». « Là c’est trop tôt. Ils vont sécher », relèvent-ils.

Ils redoutent une chute importante de leurs ventes de sapins cette année, peut-être jusqu’à la moitié par rapport aux années précédentes. « Les restos, les hôtels, c’est râpé pour nous », explique Angèle, et « les bureaux qui nous en achetaient aussi, ils sont tous en télétravail ».

« On fera avec… » conclut-elle, pas vraiment optimiste. La majorité des fleuristes parisiens contactés par l’AFP attendent la semaine prochaine pour mettre en vente les sapins.

Malgré « de grosses disparités selon les acteurs, [les sapins peuvent] parfois représenter jusqu’à 35 % du chiffre d’affaires » sur la période, explique M. Mutel.

L’an passé, près de 6 millions de sapins naturels ont été achetés en France, avec un budget moyen d’environ 30 euros, selon une étude réalisée par le cabinet Kantar.

Les ventes par les fleuristes s’effectuent « surtout chez les Parisiens, ou en milieu urbain, très peu chez les fleuristes de campagne », précise M. Moreau, le président de la FFAF. Mais partout en grandes surfaces.

Devant l’enseigne de bricolage et jardinage Leroy-Merlin en face du centre Pompidou, Florent, le responsable du rayon jardin, expose les arbres livrés la veille, sans trop se faire d’illusions.

« On va en vendre quatre, cinq max aujourd’hui ». « Le pic, c’est début décembre, c’est assez infernal pendant deux semaines ». À ce moment-là, le magasin embauche un intérimaire. Pour l’instant, l’incertitude demeure.

Dans le froid matinal, quelques passants jettent un œil à cette verdure installée au milieu du gris minéral parisien. « Je ne sais même pas si je vais en acheter un » cette année, lance un homme pressé, « je ne sais même pas si on fera Noël en famille ! » « Je l’achète toujours ici, en général dans la première ou seconde semaine de décembre, parce qu’il faut les conserver », explique Isabelle Arnulf, 60 ans, qui se demande si elle ne va pas en prendre un rapidement : « après, il y a beaucoup de monde. Là, ils sont beaux ».