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Métiers de l'élevage

Les rendre plus attractifs aujourd’hui… pour demain !


TNC le 28/10/2021 à 05:46
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Si les conditions de travail en production laitière (astreintes, pénibilité) sont une contrainte pour les jeunes enquêtés, travailler le week-end n’en est pas une, selon eux. (©Pixabay)

Le constat est sans appel : l'élevage peine à recruter, quels que soient la filière et le maillon concernés. Pour améliorer l'attractivité de ces professions, le Gis Avenir Élevages a mené plusieurs études afin de repérer les secteurs les plus tendus, ainsi que leurs atouts et contraintes pour les jeunes en formation, et notamment les futurs éleveurs. Le but est bien sûr de lever les freins à l'embauche, aujourd'hui et pour demain en imaginant les évolutions possibles de ces métiers à 10-15 ans.

Pourquoi leGis Avenir Élevagess’est-il penché sur la question de l’attractivité des métiers de l’élevage?

Margaux Gelin : « Les instituts techniques, les interprofessions, les organismes de conseil, l’enseignement supérieur et la recherche ont fait un même constat : les métiers de l’élevage ont des difficultés à recruter et à fidéliser, quelle que soit la production animale et la profession de la filière (éleveur, salarié agricole, technicien d’insémination, conseiller, ouvrier d’abattoir, chauffeur…), notamment du fait d’un manque d’attractivité. La part croissante des chefs d’exploitation de plus de 50 ans accentue cette problématique. 

L’objectif : rendre plus attractives les professions de l’élevage qui ont du mal à recruter.

C’est pourquoi un groupe de travail du Gis Avenir Élevages, piloté par l’Inrae, a lancé une réflexion sur les moyens de rendre les métiers de l’élevage plus attractifs. La première étape a été d’identifier les professions en tension dans les différentes filières animales, ainsi que leurs facteurs d’attractivité et de non-attractivité. Ensuite, nous nous avons cherché à mieux cerner les attentes des personnes susceptibles de les exercer.  

Précisons que l’attractivité d’un métier repose sur trois axes :

– son image, vu de l’extérieur, ce qui renvoie à sa promotion et aux manières d’attirer les jeunes, 

– ses conditions d’exercice, c’est-à-dire de travail (rémunération, horaires…) mais aussi les possibilités ou non d’organisation collective,

– ses voies d’accès, via les formations, les compétences nécessaires, les parcours d’intégration… »

Quels éléments peuvent inciter un jeune às’orienter ou non vers les formations agricoles ?

Cliquer sur l’image pour l’agrandir. (©Gis Avenir Élevages)

Margaux Gelin : « Après une étude bibliographique, pour essayer de répondre à cette question, des focus groups ont été réalisés avec des élèves de l’enseignement général et des enquêtes ont été menées auprès de ceux de l’enseignement agricole(lycées et écoles d’ingénieur).

Dans notre enquête, la majorité des jeunes en formation agricole ont des relations ou de la famille dans ce milieu et ont vécu en zone rurale. Et ils sont pour la plupart passionnés par les animaux et l’environnement. La connaissance de l’élevage est un facteur important dans leur orientation.

4 critères importants : la passion, la connaissance du milieu, les débouchés et la sécurité de l’emploi.

Plus généralement, plusieurs critères entrent en ligne de compte comme leurs goûts et motivations, ce qu’ils connaissent des métiers et comment ils se les représentent, leurs origines sociales et géographiques… Il y a aussi des éléments de choix plus pragmatiques tel que les débouchés de la filière, la sécurité de l’emploi et les possibilités d’évolution qu’elle offre. Il y a enfin des contraintes qui peuvent être liées aux coûts des études et aux résultats scolaires. »

Cliquer sur l’image pour l’agrandir. (©Gis Avenir Élevages)

Lemétier d’éleveurest-il en phase avec les attentes des jeunes en formation agricole ?

Margaux Gelin : « Suite aux enquêtes effectuées auprès des élèves de l’enseignement agricole, le métier d’éleveur apparaît en partie en phase avec ce qu’ils en attendent. En effet, ils apprécient de pouvoir travailler à l’extérieur, au contact de la nature et des animaux, de faire des tâches polyvalentes, d’avoir des responsabilités et d’être autonomes, autrement dit d’être leur propre patron, d’être utiles à la société et d’exercer une profession qui les passionne. Cependant, ils se demandent s’ils l’exerceront toute leur carrière.

Les atouts : la polyvalence et les responsabilités, comme être son propre patron et utile à la société.

En revanche, les deux principaux freins sont la rémunération et le temps libre, qui ne leur semblent pas suffisants. Or ils sont très attentifs à la répartition entre vie privée et professionnelle. Au-delà de la charge, les conditions de travail (astreintes, pénibilité) représentent une contrainte, mais ils apprécient la souplesse des horaires. De même, pour eux, travailler le week-end n’est pas un obstacle. Parmi les autres points négatifs cités : la mauvaise image de l’élevage et de ses métiers, les perspectives d’embauche limitées et les conflits relationnels entre employeurs et salariés.

Principaux freins : le peu de rémunération et de temps libre.

Cliquer sur l’image pour l’agrandir. (©Gis Avenir Élevages)

Dans une autre étude conduite avec le Cniel sur les attentes des candidats à l’installation en bovin lait, en particulier en hors cadre familial, le fait de bénéficier d’une bonne qualité de vie ressort comme un objectif majeur pour les porteurs de projet. Ils recherchent un certain équilibre entretemps de travail dédié à l’élevage et revenus dégagés, ainsi qu’un lieu de vie agréable, dans une région souvent ciblée, à proximité des commerces et services, du travail du conjoint… Les autres aspirations exprimées : maîtriser les montants investis pour s’installer et les coûts de fonctionnement de l’exploitation, se sentir en adéquation avec ses valeurs (pâturage, signes officiels de qualité, etc.), être son propre patron. 

La qualité de vie : 1er objectif des futurs éleveurs de bovins lait.

Résultat : cela favorise les reprises individuelles plus que collectives. Et lorsqu’ils choisissent de s’associer, les jeunes éleveurs préfèrent créer une société entre tiers plutôt que d’entrer dans un collectif existant. Pour diminuer les charges, ils privilégient aux équipements très modernes un outil de travail simple et fonctionnel, à taille humaine (50-70 VL et 50-60 ha) avec un parcellaire groupé, facilement accessible et en location, et une maison d’habitation sur le corps de ferme. 

Autres aspirations : maîtrise des charges, autonomie, avoir un outil de travail simple et fonctionnel.

Précisions qu’en raison du contexte démographique, les candidats à l’installation sont davantage en mesure de choisir leurs exploitations que les cédants leurs futurs repreneurs. Parmi les offres présentes au RDI (répertoire départ installation) dans les régions Aura, Normandie, Pays de la Loire et Bretagne (qui regroupent près de 75 % des annonces laitières totales), plus de la moitié des reprises en individuelle trouvent preneurs. Les structures sociétaires, quant à elles, manquent d’attractivité. À noter : la présence de robots (traite, alimentation, etc.) réduit les chances de trouver un nouvel associé pour les fermes sous forme sociétaire. Pour finir, l’anticipation de la cession, l’évaluation économique des exploitations et la structure du parcellaire apparaissent comme des éléments clés de réussite de la transmission en élevage. »

Quelle suite pour ce projet ?

Margaux Gelin : « Suite à ces études sur les attentes des personnes susceptibles de travailler dans l’élevage, et sur l’analyse des facteurs d’attractivité et de non-attractivité de ces métiers aujourd’hui, nous avons mené une réflexion prospective sur leur évolution d’ici 10-15 ans, sur laquelle nous souhaitons nous appuyer pour essayer de rendre plus attractives ces professions de demain. »