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Soutien à l'agriculture bio

Les producteurs dénoncent le « mépris » du gouvernement


AFP le 28/02/2023 à 17:19

Les exploitants bio ont déployé une banderole mardi, au salon de l'agriculture, pour réclamer un plan de soutien « à la hauteur » de la crise traversée par ce mode de production, a constaté une journaliste de l'AFP. (Article mis à jour à 18 h 17)

« Bio méprisée. Bio enterrée » : le message a été tagué, à la hâte, à la bombe de peinture sur une grande bâche en plastique noir déployée devant le stand de l’Agence bio. Cette structure est chargée, sur fonds publics, de développer et promouvoir l’agriculture biologique française. 

Or le bio traverse une crise inédite. Le marché s’est retourné après 10 ans d’une croissance à deux chiffres, qui avait dopé les conversions d’agriculteurs conventionnels vers cette production. L’offre bio excède la demande, poussant des producteurs à jeter l’éponge.

Le gouvernement est pressé de débloquer des aides directes par la plupart des organisations agricoles et syndicales. Selon les syndicats FNSEA et Confédération paysanne (3e organisation), la Première ministre Élisabeth Borne, en visite lundi au salon de l’agriculture, a indiqué qu’une aide à la trésorerie de 10 millions d’euros allait être débloquée, lors d’un huis clos avec la profession agricole. Sollicités par l’AFP, les services de Matignon et du ministère de l’agriculture n’avaient pas confirmé cette annonce mardi après-midi.

La filière bio « en danger » mérite d’être soutenue

Sachant que la France compte près de 60 000 fermes bio, « ce n’est évidemment pas à la hauteur », a déclaré mardi le président de l’organisation défendant les intérêts des agriculteurs bio (Fnab), Philippe Camburet. La filière bio « en danger » mérite « un soutien au même titre que les celles soutenues par des dizaines de millions d’euros », a-t-il déclaré, en allusion aux aides récemment versées aux producteurs de porcs (270 millions d’euros) ou aux indemnisations promises aux betteraviers en cas de baisse des rendements. L’État est aussi prêt à subventionner la destruction des excédents de vin jusqu’à 160 millions d’euros.

10 M€ d’euros, « c’est absolument méprisant (…), anecdotique », a dénoncé le porte-parole de la Confédération paysanne Nicolas Girod. Il a estimé qu’il fallait « minimum 300 millions d’euros rapidement » pour fournir une « bouffée d’oxygène » aux agriculteurs bio.

L’an dernier, les ventes de bio ont reculé de 7,4 % en grandes surfaces sur un an, selon le panéliste NielsenIQ. Une baisse qui est encore plus marquée dans le réseau spécialisé (Biocoop, Naturalia, Comptoirs de la bio), à – 12 %, selon deux enseignes. Côté demande, la restauration collective était censée introduire – depuis l’an dernier – au minimum 20 % de produits biologiques dans ses achats. Le pourcentage plafonne autour de 6 % actuellement.

« L’État doit respecter ses engagements en étant exemplaire avec le bio à hauteur de 20 % dans les cantines, donc il faut une montée en puissance », a plaidé lundi la présidente de la FNSEA Christiane Lambert.