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Formation des prix et marges

Les prix à la production n’ont pas décollé en 2020


TNC le 15/06/2021 à 18:00
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Avec les confinements et les restrictions sanitaires, la consommation alimentaire des Français a été modifiée en 2020, et les prix à la consommation sont en augmentation 2,2 %. Du côté de la production, les prix sont globalement stables mais cachent des disparités importantes entre les filières qui connaissent une alternance de bonnes et de mauvaises années, et d’autres qui, comme la viande bovine, ne parviennent pas à rémunérer leurs producteurs depuis 10 ans, souligne le dernier rapport de l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM).

Comme tous les ans depuis 2011, l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires a rendu son rapport au Parlement pour l’année 2020. Avec l’arrêt forcé de la restauration hors domicile et les confinements, les comportements alimentaires ont été profondément modifiés l’année dernière, certains produits ayant soufferts d’une baisse de la demande (viande de veau, petites volailles, pommes de terre) tandis que d’autres comme la viande hachée ont bénéficié d’un intérêt accru des consommateurs. « Globalement, cette période a été plutôt bien gérée par les filières qui ont su trouver un chemin de discussion ; la distribution a largement privilégié l’origine France », a expliqué Philippe Chalmin, président de l’OFPM, lors de la présentation du rapport à la presse, le 15 juin.  

Des prix à la production globalement stables, mais contrastés selon les filières

Entre 2019 et 2020, les prix à la production agricole sont globalement stables (+ 0,5 %), malgré une diminution des prix des moyens de production de 1,4 %. Les prix des produits des industries alimentaires sont stables également (+ 0,5 %), tandis que les prix à la consommation des produits alimentaires affichent une augmentation de 2,2 %, supérieure à l’inflation, indique l’OFPM. Néanmoins, la situation est différente selon les filières.

Ainsi, le blé tendre a connu en 2020 une conjoncture extrêmement haussière, avec une forte demande de la Chine qui devient le premier importateur mondial de céréales (probablement 55 Mt sur la campagne 20/21). Sur 2020, « on a un produit blé autour de 175 euros, qui monte à 204 euros avec les aides, permettant un niveau de rémunération correct », explique Philippe Chalmin. « Globalement, ces quatre dernières années, on a quand même eu des niveaux relativement satisfaisants », ajoute-t-il.

En revanche, du côté des productions animales, le prix moyen pondéré des gros bovins entrée abattoir s’est replié de 4 centimes/kg. Les prix de vente ne permettent pas de couvrir les coûts de production dans tous les types de systèmes allaitants. « Dans bien des cas, l’exploitant ne peut se rémunérer qu’aux alentours du Smic et encore, pas toujours ».  

La situation est un peu différente en lait, notamment dans les systèmes lait de plaine et lait et cultures qui arrivent à l’équilibre en tenant compte des produits joints et des aides, mais le lait de montage est à la peine.

« Sur 10 ans, on constate une très grande volatilité des résultats agricoles, qui touche pratiquement toutes les filières, avec une différence entre des filières qui connaissent des bonnes et des mauvaises années (c’est le cas du porc ou des céréales), et un secteur, la viande bovine, qui sur les 10 ans n’a jamais réussi à nourrir ses producteurs », constate Philippe Chalmin.

Eclairer le débat de la juste rémunération des producteurs

Face à l’instabilité des marchés, devenue incontournable ces dernières années, les dix années de rapports fournis par l’OFPM peuvent donner des pistes de solution. « La sortie de l’instabilité se fera par la différenciation des produits : la qualité, la proximité éventuellement, le développement de nouvelles pratiques, de nouveaux marchés, de nouvelles niches (bio, agriculture raisonnée) », estime Philippe Chalmin, qui souligne également une « montée en puissance des importations » sur tous les types de produits (agricoles, mais aussi transformés). En ce sens, le rapport porte l’ambition d’être de plus en plus complet et précis chaque année. L’édition 2021 intègre ainsi, pour la première fois, les marges nettes de la transformation laitière.

L’exercice, unique en son genre, permet « d’éclairer le débat de la juste rémunération des producteurs », a salué Julien Denormandie. Sur cette problématique, le ministre de l’agriculture a de son côté rappelé le travail en cours pour améliorer la loi Egalim, via la proposition de loi Besson-Moreau qui vise à renforcer la marche en avant du prix, donner de la visibilité via la contractualisation, la pluriannualité, et sanctuariser le prix de la matière première agricole.