Les politiques plus attendus que jamais au salon de l’agriculture ?

Suite aux mobilisations des agriculteurs les semaines précédentes, le gouvernement a promis de nouvelles annonces au Salon de l’agriculture qui se tient à Paris du 24 février au 3 mars. L’attente reste forte sur les questions de simplification, mais également sur la future loi d’orientation qui doit faciliter l’installation et la transmission, un enjeu important dont l'évènement à fait sa thématique phare pour cette 60e édition.

Le Sia, salon international de l’agriculture, sera « inévitablement une caisse de résonnance des problèmes agricoles, s’il ne l’était pas ce serait dommage », explique Jean-Luc Poulain, président de l’évènement qui s’ouvrira comme tous les ans à Paris, fin février. Après l’ampleur inédite des manifestations d’agriculteurs ces derniers jours, et quatre mois avant les élections législatives, l’édition sera sans doute placée sous un angle très politique, mais « ce n’est pas la première fois que l’année est particulière », ajoute Jean-Luc Poulain en estimant que « le salon se déroulera normalement ».

Des annonces concrètes prévues

Si la plupart des agriculteurs ont accepté de suspendre leur mobilisation, c’est en échange de la promesse du gouvernement de mettre en place des mesures concrètes d’ici le SIA. « Ils vous attendent au salon, ils ont des questions à vous poser », rappelle Jean-Luc Poulain au ministre de l’agriculture, présent lors de la conférence de présentation de l’évènement le 6 février.

« On sera au rendez-vous », assure Marc Fesneau, pour qui cette édition « doit être un moment d’un lien de confiance retrouvé », après la colère exprimée. D’ici au salon, des décrets doivent être pris notamment pour raccourcir les délais de recours pour les projets agricoles, mais des annonces seront également faites concernant le contenu de la future loi d’orientation, et sur Ecophyto 2030 car « nous avions un indicateur purement français qui avait des biais, on travaille pour que d’ici le salon on ait des choses à annoncer », précise le ministre.

La transmission au cœur des débats

« Quand je me suis installé, on m’a dit fallait produire plus et on a tout mis en œuvre en ce sens, et maintenant on me dit qu’il ne fallait pas faire comme ça. Je suis conscient qu’il faut faire des efforts au niveau environnemental, mais il y a des mesures structurelles qui font que cela mettra des années », témoigne l’agriculteur qui a transmis il y a quelques semaines son exploitation à deux de ses neveux en leur conseillant de rester attentifs à ce que souhaite la société, mais également à ses injonctions contradictoires.

L’accélération des installations et la facilitation des transmissions, nécessaires, ne pourront pas s’émanciper de ces attentes sociétales. C’est pourquoi les responsables politiques sont également attendus pour « répondre aux jeunes qui vont s’installer ». « Il faut pouvoir leur dire qu’est-ce qu’on produit, comment on le produit et pour quel revenu », explique Jean-Luc Poulain qui espère que les élus viendront nombreux et seront « porteurs d’échange et de solutions au-delà de leurs propres intérêts politiques ».

Dans ce contexte, le salon sera placé sous le thème de la transmission, alors qu’aujourd’hui seulement 15 à 20 % des surfaces libérées servent à installer un jeune. François et Lucie Foucault, éleveurs d’Oreillette, vache normande égérie de cette 60e édition, père et fille, incarnent la mise en avant de cet enjeu clé au regard des nombreux départs en retraite d’agriculteurs prévus dans les cinq prochaines années.

Cette nouvelle édition « continue son chemin de pédagogie nécessaire » entre le monde agricole et le la société, souligne Jean-Luc Poulain. Une passerelle qui est aussi une belle vitrine capable, peut-être, de susciter des vocations au sein des visiteurs toujours nombreux à arpenter les allées de la plus grande ferme de France. Le salon a accueilli, l’année dernière, plus de 615 000 visiteurs.