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Réduction des phytos

Les ministres de l’UE fustigent le plan de Bruxelles


AFP le 19/07/2022 à 04:49
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La Commission européenne veut réduire de 50 % d'ici 2030 l'utilisation à l'échelle de l'UE de « pesticides chimiques dangereux ». (©Pixabay)

Les ministres européens de l'agriculture ont vivement critiqué lundi le plan présenté par Bruxelles pour réduire l'usage des pesticides dans l'UE, s'alarmant du sort des cultivateurs laissés « sans alternative » et d'une possible chute des rendements.

La Commission européenne avait détaillé le 22 juin sa feuille de route pour réduire de moitié d’ici 2030, comparé à la période 2015-2017, l’utilisation et les risques à l’échelle de l’UE des pesticides chimiques ou dangereux. Le plan prévoit une interdiction quasi-complète dans les « zones sensibles », comme les espaces verts urbains ou les aires naturelles protégées.

Réunis à Bruxelles, les ministres des Vingt-Sept ont multiplié leurs critiques sur cette proposition de la stratégie d’alimentation verte « De la Ferme à la fourchette ».

« Beaucoup d’Etats s’opposent à une réduction drastique imposée si c’est fait sans données scientifiques solides, sans étude d’impact centrée sur la sécurité alimentaire », a tonné le secrétaire d’État polonais Ryszard Bartosik.

« Cela pourrait porter atteinte à notre sécurité alimentaire et à la compétitivité de notre agriculture, nous rendant encore plus dépendants des importations », une perspective « inquiétante » alors que la guerre en Ukraine attise les risques de pénuries, a-t-il fait valoir.

Une majorité des ministres s’interroge sur la méthodologie pour fixer les objectifs de réduction imposés à chaque Etat, alors que les pays membres de l’UE ont des modèles agricoles et des conditions climatiques très variés.

Surtout, « il ne faut pas punir les pays qui ont déjà travaillé dur : nous sommes depuis longtemps à un niveau très bas de pesticides, il faut tenir compte du point de départ des Etats », a plaidé le ministre finlandais Antti Kurvinen, rappelant que 75 % des pesticides sont utilisés pour la sylviculture et sont « à très faible risque ».

« L’interdiction quasi-totale des produits phytosanitaires dans les zones « sensibles » n’est pas réaliste ! Une multitude d’organismes nuisibles s’y développeraient : c’est déjà le cas », s’est insurgé le ministre espagnol Luis Planas Puchades.

« Les agriculteurs ne doivent pas être laissés sans solution », a attaqué de son côté son homologue français Marc Fesneau. Il a exigé le développement d’alternatives « sérieuses, opérationnelles (…) économiquement viables », regrettant l’absence de proposition concrète sur « les solutions de biocontrôle ».

Paris réclame également des instruments financiers supplémentaires pour aider les agriculteurs, et des « mesures-miroirs » interdisant l’importation dans l’UE d’articles agricoles dont la production ne respecterait pas les normes européennes sur les pesticides.

« Nous devons minimiser les charges administratives, qui doivent rester proportionnées », a relevé l’Irlandais Charlie McConalogue.

Berlin, de son côté, a demandé des clarifications sur les critères des zones « sensibles » concernées et le montant des aides financières prévues, tout en réitérant néanmoins un soutien d’ensemble à la proposition de la Commission.

« La crise climatique, celle de la biodiversité continuent, on ne peut les négliger », a insisté le ministre allemand Cem Özdemir, partisan d’« une protection plus durable des plantes et des cultures ».