Accéder au contenu principal
Conséquences économiques du Covid-19

Les laiteries demandent des baisses de production


TNC le 31/03/2020 à 08:42
fiches_Traite_robotisee_23863-690px

Pour atténuer les conséquences économiques du Covid-19, beaucoup de laiteries ont demandé des baisses de production (©TNC)

Si les laiteries continuent d’assurer la collecte malgré les restrictions liées aux mesures de lutte contre la propagation du coronavirus, les courriers se multiplient depuis la semaine dernière pour demander aux éleveurs de réduire la production, sous peine, parfois, de pénalités...

Malgré la pandémie de Covid-19, les éleveurs continuent de travailler et les camions de collecter le lait pour nourrir les Français. Cependant, dès les premières mesures de restrictions et le confinement annoncé le 15 mars, les producteurs de lait faisaient part de leurs inquiétudes, en lien avec la fermeture de certains marchés (restauration collective, commerciale, et désormais les marchés de plein air…).

La collecte se poursuit en effet, avec des mesures de sécurité supplémentaires pour garantir aux laitiers les conditions de travail les plus sûres.

Cependant, comme redouté par les éleveurs, les laiteries, petites et grandes, ont progressivement demandé de réduire la production au cours de la semaine dernière.

« Aujourd’hui, avant d’en arriver à des mesures coercitives, nous venons vous exhorter de mettre en œuvre tout ce qui est possible pour baisser volontairement votre production : alimentation, tarissements précoces, réformes anticipées, monotraite, etc. », demandait par exemple la laiterie Rians le 25 mars, rappelant que le coronavirus perturbe fortement l’activité économique : baisse des ventes en RHF et à l’export, « changement profond dans le mix produit des commandes de la GMS », absentéisme dans les ateliers…

Même son de cloche du côté de Lactalis, qui a fait part le 26 mars des impacts économiques avec « une forte baisse de la valorisation des laits d’excédent proche de 290 €/1000 L, en baisse de 15 % sur un mois. « Nous ne sommes pas en mesure de garantir que nous pourrons absorber l’ensemble du lait des producteurs dans les semaines à venir, malgré tous les efforts de l’ensemble de nos collaborateurs », ajoute le groupe, qui demande lui aussi une réduction de la production laitière.

À noter que certaines laiteries n’ont pas, pour le moment, demandé cet effort à leurs éleveurs, comme Bel, ou Alsace Lait.

Une situation difficile en plein pic saisonnier

La demande est d’autant plus difficile à mettre en œuvre qu’elle coïncide avec le pic saisonnier et la période de mise à l’herbe pour beaucoup d’éleveurs. Dans les petites laiteries, les demandes de baisse vont jusqu’à 20 %, avec des pénalités, ou des baisses de prix payé au producteur, comme le dénonce par exemple Sunlait.

Des demandes que dénoncent plusieurs syndicats qui en appellent à davantage de solidarité.

Chez Sodiaal, le « conseil d’administration a décidé qu’une saisonnalité nationale de – 20 € les 1 000 l sera appliquée pour les mois d’avril et mai et redistribuée sur les mois d’été », indique un courrier signé de Damien Lacombe, président de la coopérative.

Lire aussi : La CR dénonce le manque de justifications de la part des laiteries

La FNPL a de son côté contacté la grande distribution pour trouver des moyens de mettre à disposition des consommateurs les produits AOP mais sous d’autres formes (fromages emballés, en libre-service dans les grandes surfaces plutôt qu’à la coupe, ou en drive). Car comme le rappelle le secrétaire général adjoint de la FNPL, Michel Lacoste, les consommateurs se sont en effet « rués vers les produits laitiers de première nécessité, laissant de côté les fromages AOP et les fromages à la coupe », ce qui s’est traduit, pour certaines PME, par des baisses de vente allant jusqu’à 50 % sur une semaine, sans possibilité d’adapter leurs produits à la demande actuelle.

Enfin, pour tenter de réorienter le lait qui n’était plus collecté, « nous avons organisé dans différentes régions la récupération du lait et sa réorientation vers d’autres créneaux », explique Michel Lacoste, qui salue de son côté l’aide reçue par Sodiaal sur ce sujet.