Les filières agricoles sont « en situation d’urgence », alertent les coopératives
TNC le 04/09/2024 à 15:55
Le contexte d’instabilité politique, économique et climatique fort de cette année 2024 rend d’autant plus criant le défaut de compétitivité du secteur agroalimentaire français, estime la Coopération agricole, qui propose pour y remédier une « stratégie alimentaire conquérante », et rappelle l’urgence à agir.
« Nous sommes à un point de fragilisation extrême de nos modèles économiques qui nous met plus que jamais en risque de passer d’un pays producteur à un pays importateur », s’est alarmé Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, le 4 septembre. Le secteur agroalimentaire français doit notamment faire face à une consommation en berne, malgré le recul de l’inflation. Le consommateur continue à acheter moins et moins cher, comme le montre la progression des marques de distributeurs et des marques économiques (+ 9 %), quand les marques nationales ont chuté de 4,2 % en volume. La consommation globale des Français atteint son plus bas niveau depuis 2019, et en parallèle, la consommation hors domicile, où la part de produits importés est plus importante, poursuit sa progression. Une nouvelle donne qui rend « nécessaire l’adaptation de notre production agricole à ces nouveaux usages », souligne le président de la Coopération agricole.
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C'est parti pour notre conférence de presse de rentrée, autour de @ChargeDom. Face au décrochage de l'#agroalimentaire français 🇫🇷, les #coopératives agricoles tirent la sonnette d'alarme et plaident pour une stratégie #alimentaire conquérante ! pic.twitter.com/vsQcyJtGna
— La Coopération Agricole (@lacoopagricole) September 4, 2024
Une « lente érosion du tissu productif » agricole
De l’autre côté de la chaîne, la production du secteur agricole français poursuit son déclin, lié à la baisse de compétitivité et à une succession de crises (sanitaires, climatiques…). En 20 ans, la production de protéagineux a diminué de — 62 %, celle de bovin de 26 %, celle de vin et de fruits, de 23 %, celle de porcins de 8 %, et la production avicole, de 5 %.
Et depuis 2020, le secteur subit au moins une crise sanitaire ou climatique par an, aggravant la baisse de compétitivité des exploitations, déplore la Coopération agricole. La moisson catastrophique de cette année – la pire depuis 1983 – vient d’ailleurs rappeler l’importance d’adapter la production aux aléas climatiques, et le besoin d’investir massivement dans la recherche-innovation et « sur des mécanismes qui vont permettre de compenser les revenus », explique Dominique Chargé. Les coopératives devraient par ailleurs être mises à contribution dans le cadre d’un plan de soutien à la trésorerie des exploitations céréalières.
Compétitivité, adaptation, transition
Les coopératives souffrent également de l’augmentation des coûts de production, non compensée par les prix – « l’effet ciseau », et des effets négatifs de vingt ans d’une guerre des prix menée par les enseignes de la grande distribution. Avec un résultat net moyen de 0,83, les marges ne permettent plus aux coopératives d’investir suffisamment au regard des défis qui se présentent à elles.
Face à ce constat, la Coopération agricole propose « une stratégie alimentaire conquérante », pour retrouver de la compétitivité, accompagner les transitions, et adapter la production aux nouveaux modes de consommation.
Il s’agit, par exemple, d’améliorer la compétitivité-coûts en allégeant la fiscalité à la production, de refonder le droit de la concurrence, d’investir pour réorganiser le parc industriel, mais aussi de sécuriser l’accès aux ressources (notamment l’eau), ou encore de revenir sur la séparation vente-conseil.
Et si le nouveau gouvernement n’est pas encore en place, Dominique Chargé invite le futur Premier ministre et son ministre de l’agriculture à concerter rapidement tous les acteurs de la filière pour « co-construire une feuille de route » et « remettre dans le panier de tous les consommateurs français des produits qui correspondent à leurs besoins de consommation ». « Il y a urgence à agir », insiste-t-il, sinon les conséquences économiques et sociales seront importantes, en particulier pour les territoires ruraux.