Les filières agricoles françaises mettent la pression contre l’accord Mercosur


AFP le 04/06/2025 à 13:45
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(© Compte X d'Intercéréales)

Des députés français ont réuni mercredi plusieurs filières agricoles à l'Assemblée pour réaffirmer leur opposition à l'accord Mercosur, « inacceptable en l'état » selon eux, et s'assurer que le sujet soit sur la table lors de la visite du président brésilien Lula en France.

Cette visite, qui doit débuter jeudi, « ne doit pas brouiller les lignes. Elle doit, au contraire, être l’occasion pour la France de réaffirmer son attachement à des échanges internationaux fondés sur des standards équitables, durables », a déclaré Jean-François Guihard, président de l’interprofession du bétail et des viandes (Interbev).

Il a appelé le président Emmanuel Macron à être « extrêmement ferme » face au président brésilien « pour dire que cet accord n’est pas possible » et affirmé qu’un « droit de veto » de la France était « encore possible », alors que le gouvernement français cherche plutôt à constituer une minorité de blocage au niveau européen.

« Nous approchons petit à petit du but » pour obtenir l’opposition ou l’abstention d’au moins quatre Etats représentant plus de 35 % de la population de l’UE, « nécessaire pour faire tomber l’accord, mais (…) nous n’y sommes pas encore », a déclaré le député EPR (Ensemble pour la République, centre) et ancien ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, à l’initiative de cette réunion transpartisane.

La ministre française de l’Agriculture Annie Genevard multiplie les échanges avec ses homologues européens, et a obtenu des garanties fermes de la Pologne, l’Autriche et la Hongrie, indique le ministère. « Il y a encore un travail de conviction auprès de pays qui hésitent publiquement », précise la même source, citant notamment la Roumanie, où la ministre envisage de se rendre après la formation du nouveau gouvernement, l’Irlande et les Pays-Bas. « La Belgique a choisi l’abstention », a déclaré Mme Genevard mercredi à l’AFP après un entretien avec son homologue belge dont le pays « est très concerné sur l’élevage ».

« Les choses sont évolutives mais, à date, la minorité de blocage n’est pas loin et la majorité n’est pas acquise », a-t-elle ajouté, dénonçant un accord « déséquilibré » : « Le Brésil, par exemple, a obtenu une clause de sauvergarde spécifique pour protéger son secteur automobile. Tandis que nous n’avons aucune clause de sauvegarde sur les produits agricoles ».

Dans le contexte de la guerre commerciale ravivée par Donald Trump, plusieurs pays « estiment qu’il faut accélérer sur la ratification pour contrebalancer les effets négatifs des droits de douane américains », a rappelé l’économiste Thierry Pouch devant les députés et les filières.

Un argument que le président Lula compte faire valoir.

Signé avec l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay, l’accord doit permettre à l’UE d’exporter notamment plus de voitures, machines, spiritueux. En retour, il faciliterait l’entrée de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains.

Les responsables des interprofessions représentées mercredi (Interbev, Fédération nationale bovine, betterave et sucre, Intercéréales) se sont élevés contre les standards de production dans les pays du Mercosur et particulièrement au Brésil, qui induisent selon eux une concurrence déloyale, en matière d’utilisation d’antibiotiques, d’OGM ou de produits phytosanitaires, de taille des élevages, de déforestation mais aussi de coûts de main d’œuvre.

« Les contingents supplémentaires (en provenance du Mercosur) prévus (par l’accord) représenteraient une valeur agricole exposée d’au moins 2,87 milliards d’euros pour les seuls secteurs de la viande bovine, de la volaille et du maïs », dénoncent-ils.