Commercialisation 2018-2019

Les blés russes font toujours de l’ombre aux blés français


TNC le 26/04/2019 à 16:11
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Alors que, sur le marché du blé, la campagne d’exportation de la Russie se tarissait plutôt en janvier voire février lors des précédentes années, la concurrence russe se fait toujours sentir pour cette fin de campagne 2018-2019. Un indicateur de mauvais augure pour le blé français.

Il y a un an encore, les représentants de Franceagrimer reprenait le même refrain quand il s’agissait d’évoquer la concurrence étrangère sur le marché du blé tendre. La Russie était très présente à l’export pendant la première partie de campagne, soit jusqu’en décembre-janvier, voire février. Même chez les principaux clients « pays tiers » (hors d’Europe, ndlr) des opérateurs français, les origines russes étaient souvent privilégiées au début de la campagne, laissant la place, ensuite, aux blés français.

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Pourquoi la Russie réalisait-elle l’essentiel de sa campagne d’exportation dans les premiers mois de la campagne ? L’explication tenait en trois mots : compétitivité, climat et logistique. Les blés russes sont très compétitifs, attirant les clients du Maghreb dès l’automne. Mais le rude climat continental impose aux Russes d’expédier ses blés avant que la neige et le froid ne vienne compliquer la logistique. De plus, les derniers lots à exporter sont moins compétitifs que les premiers, car produits beaucoup plus loin des ports de chargement, et donc affectés de coûts de transport plus élevés.

Une production 2019 révisée à la hausse de 5 %

En 2019, la donne semble changer. « Une forte concurrence de la mer Noire est encore à prévoir pour le blé français cette année », indiquait Michel Portier, directeur général d’Agritel, le 19 avril dernier. « Le blé russe monte encore en puissance » après avoir battu son record de production en 2017. D’ailleurs, Agritel, comme Offre et demande agricole, a révisé à la hause son estimation de production russe, suite à son annuel « crop tour » réalisé sur place en sortie d’hiver. « La production 2019 de blé russe est estimée à 78,8 Mt, contre 72,1 Mt l’an dernier. Cette estimation est supérieure à celle de novembre 2018 qui annonçait 75 Mt avant l’hiver (soit +3,8 Mt). » Pour sa part, Offre et demande agricole a relevé son estimation de 3Mt, passant de 83,4 Mt). Des chiffres qui s’approchent du record russe de 85 Mt atteint en 2017.

« Le cru 2019 sera surement plus élevé qu’en 2018, en raison de la hausse des surfaces de blé et des bonnes conditions jusqu’au printemps », explique t-il.

A minima, la récolte 2019 de blé russe sera la deuxième meilleure récolte du pays depuis 15 ans :

Evolution de la production russe de blé tendre (©TNC)

Agritel estime ainsi « les surfaces ensemencées en blé d’hiver en Russie à 15,57 Mha cette année, soit 2 % de hausse par rapport à 2018 ». « En blé de printemps, les surfaces semées connaissent aussi une hausse de 2 %, elles devraient atteindre 12,17 Mha selon le ministère de l’agriculture. Pour le moment, à peine 3 % des surfaces de blé de printemps sont semées. L’estimation de production est donc basée sur un rendement tendanciel pour le blé de printemps. »

Le rendement du blé d’hiver est estimé à 3,86 t/ha, une estimation légèrement supérieure à la tendance sur 10 ans, en raison des bonnes conditions observées notamment sur les régions de Krasnodar et sur Rostov. « Les conditions de semis et de germination ont été meilleures que l’an dernier grâce aux pluies en hiver, sauf sur Stavropol, où le sec persiste, même si quelques précipitations sont venues rassurer les opérateurs locaux récemment », complète Michel Portier.

Ceci dit, toutes ces estimations et observations restent suspendues à la bienveillance de la météo. « Il est évidemment trop tôt pour estimer précisément la récolte russe, à l’heure où la période de risque climatique débute et alors que les blés de printemps ne sont pas encore semés. Malgré tout, le blé russe devrait encore avoir de la place à l’export sur le marché international sur une bonne partie de la campagne ».