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Aux Pays-Bas

Les agriculteurs vent debout contre un plan de réduction des émissions d’azote


TNC le 08/07/2022 à 09:42
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Le gouvernement néerlandais vise une réduction d'un tiers du cheptel d'ici à 2030 pour tenir ses engagements climatiques, suscitant la colère des éleveurs. (©AdobeStock)

Depuis le 10 juin, les agriculteurs néerlandais protestent contre un plan gouvernemental qui implique une baisse de 30 % du cheptel d’ici à 2030 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Depuis presque un mois, les agriculteurs néerlandais manifestent massivement contre le « plan azote » du gouvernement. Le ministère de l’agriculture, de la nature et de la qualité des aliments a de fait effet présenté le 10 juin un rapport visant à réduire les rejets d’azote dans les sols et dans l’air.

Pour répondre aux objectifs climatiques européens et rattraper le retard du pays en la matière, il vise une baisse moyenne de 50 % des ses émissions d’ici à 2030. Cela devra passer par une réduction de 70 % à 95 % dans 131 zones-clé, dont beaucoup sont situées à côté de réserves naturelles et de terres protégées.

Les émissions provenant des effluents d’élevage et des engrais azotés sont particulièrement visées. « Les agriculteurs ont fait énormément d’efforts pour en émettre moins, mais ce n’est malheureusement pas assez. Il faut réduire encore plus», a indiqué Christianne van der Wal, ministre de la nature et de la politique de l’azote, qui porte le projet.

En plus d’être densément peuplés, les Pays-Bas ont une population animale très importante : près de 4 millions de bovins, 12 millions de porcs et 100 millions de poulets. Elle contribue à faire du pays l’un des principaux émetteurs d’azote de l’Union européenne.

Réduction de 30 % du cheptel d’ici à 2030

Le « plan azote » implique une baisse des émissions agricoles de 40 %, soit une réduction du cheptel de 30 %, selon le gouvernement. Un bouleversement pour le secteur – les Pays-Bas sont le deuxième exportateur au monde de produits agricoles après les États-Unis – et un crève-cœur pour les éleveurs.

En un mois, la mobilisation a pris de l’ampleur. Les agriculteurs déplorent le manque de progressivité des mesures et dénoncent la destruction de leur métier. Ils manifestent quasi quotidiennement en bloquant les grands axes routiers et des centres de distribution de supermarchés. Des pêcheurs se sont joints à eux en bloquant les ports.

En parallèle, les tensions montent d’un cran. Plusieurs villes ont déclaré l’état d’urgence, des manifestants ont été arrêtés, d’autres repoussés avec du gaz lacrymogène. Le 5 juillet, la police de Heerenven a indiqué avoir tiré sur un tracteur après que ses conducteurs « ont tenté d’entrer en collision avec des agents et des véhicules de police ».