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OGM

Les adversaires s’émeuvent de propos de Julien Denormandie sur le sujet


AFP le 16/01/2021 à 08:05

La Confédération paysanne, farouche adversaire des OGM, s'est ému de propos récents du ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, dans lesquels il refusait de considérer que les nouvelles techniques de sélection variétale sont des OGM.

En cause, les NBT ou « new breeding techniques » : ces nouveaux outils permettent de modifier le génome des plantes sans insertion de gène étranger (transgénèse), donc de façon beaucoup plus rapide et plus précise que les techniques utilisées pour produire les premiers OGM.

« Les NBT, ce ne sont pas des OGM. Ce sont des technologies qui permettent d’accélérer la sélection végétale. Cela permet de faire apparaître plus tôt une variété qui aurait pu apparaître naturellement à un moment donné, et c’est très bien. C’est très différent d’un OGM, qui est d’abord une plante – et non une technique – obtenue en allant chercher un gène d’une espèce pour la transférer dans une autre, ce qui n’arrive pas dans la nature », avait estimé Julien Denormandie, lors d’une interview à l’agence de presse Agra le 7 janvier.

Dans un communiqué vendredi, la Confédération paysanne dit exiger « un démenti formel et un rappel à la loi au plus haut sommet de l’État. » Elle qualifie les propos du ministre de déclaration scandaleusement mensongère, qui s’apparente à un « alignement total sur les positions du lobby semencier ».

Les adversaires de ces techniques et plusieurs juridictions estiment que les NBT relèvent de la même réglementation que les OGM. Dans une décision de février 2020, le Conseil d’État, saisi notamment par la Confédération paysanne, avait ainsi estimé que les nouvelles techniques de mutagénèse, destinées à obtenir des mutations génétiques d’un organisme vivant, devaient être soumises à la réglementation OGM et donc aux mêmes restrictions.

Allant ainsi dans le sens d’un arrêt de la Cour de justice européenne, il avait donné six mois au gouvernement pour modifier en ce sens le code de l’environnement.

Pour Julien Denormandie, « aujourd’hui, le cadre juridique européen n’est plus compatible avec le cadre scientifique ». « Nous attendons un rapport de la Commission européenne pour mettre en concorde les deux cadres », avait-il dit lors de cet entretien.

Les NBT sont considérés par la filière des semences comme des outils indispensables pour maintenir sa compétitivité, tandis que leurs détracteurs, au premier rang desquels la Confédération paysanne, dénoncent de « nouveaux OGM » .

« Il est urgent que la France recadre la position exprimée par le ministre de l’Agriculture, et maintienne sa position historique d’opposition à tous les OGM, qu’ils soient nouveaux ou anciens », a estimé pour sa part Suzanne Dalle, chargée de campagne agriculture chez Greenpeace France, pour qui « la réglementation en vigueur existe pour prévenir les dommages et informer les consommateurs sur les aliments qui se retrouvent dans leurs assiettes ».

« Je ne suis absolument pas opposé aux nouvelles technologies, mais alors absolument pas », avait déjà déclaré en juillet 2020, peu après sa nomination à l’Agriculture, Julien Denormandie devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, en privilégiant une approche de santé.