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Transition agroécologique

Le think tank agroalimentaire veut « changer de braquet » face à l’urgence climatique


TNC le 03/08/2023 à 11:40
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Le think tank Les Echos réclame un changement de méthode pour concrétiser la transition environnementale du secteur agricole.

Le think tank agroalimentaire Les Echos, constitué d’une trentaine d’acteurs du secteur, a dévoilé en juillet 2023, ses 21 recommandations en faveur d’un « changement de méthode » pour opérer la transition environnementale. Le groupe de réflexion estime que la coercition associée à une plus grande responsabilisation des entreprises et des consommateurs est désormais nécessaire face à l’urgence environnementale.

En association avec les Echos, le think tank agroalimentaire a publié en juillet 2023, 21 propositions, fondées sur la nécessité d’un « changement de braquet », pour faire évoluer le système agricole et agroalimentaire vers un modèle plus vertueux. Le cercle a identifié 5 chantiers couvrant les réformes envisagées pour cette transformation des pratiques agricoles, afin de « produire plus avec moins de terres, moins d’intrants, moins d’eau, et moins d’émissions de GES. »

Le groupe d’experts semble vouloir marquer une rupture avec ce nouveau rapport qui ambitionne de marquer les esprits, à l’image de la recrudescence des phénomènes climatiques exceptionnels de 2022, jugés « salutaires » pour réveiller une conscience écologique planétaire. Conscient des limites des mesures incitatives, le think tank propose des mesures de financement de cette transition passant par la valorisation des pratiques agricoles vertueuses, l’intégration de la responsabilité environnementale dans la mesure de la performance des entreprises, et insiste sur l’importance d’engager les consommateurs dans ce changement de modèle.

Valoriser les atouts de l’agriculture durable

« À bien des égards, il s’agit d’inverser des tendances de long terme qui ont structuré l’agriculture : fertilisation minérale, remembrement, etc. Inverser des tendances suppose donc à la fois une forme de révolution culturelle », suggèrent les auteurs des travaux. Il s’agit ainsi de faire des sols « le socle de la transition agricole » afin de répondre au défi démographique mais dans une perspective de durabilité. La préservation de cette ressource s’avère cruciale pour le think tank en vue d’assurer la sécurité alimentaire sur le long terme.

Les sols, véritables puits de carbone sont par ailleurs considérés comme « un allié précieux dans la transition environnementale », et doivent être protégés. En conséquence, l’agroécologie permettant d’entretenir la teneur en carbone des sols, doit être encouragée grâce à des incitations directes. Dans leurs conclusions, les experts évoquent la généralisation d’un diagnostic carbone, pour la mesure de la qualité des sols, obligatoire pour toutes les transactions, à l’instar du diagnostic de performance énergétique pour toute cession d’un bien immobilier. Ils envisagent en outre le soutien d’un « marché du carbone de proximité » passant par une meilleure reconnaissance et rémunération de l’amélioration des pratiques agricoles.

Financiariser la responsabilité environnementale

« L’indispensable transition environnementale de l’économie impose une nouvelle lecture de la performance des entreprises : compter ce qui compte vraiment ! C’est l’intérêt de la comptabilité multicapitaux : intégrer de nouveaux paramètres, notamment le capital environnemental. », défendent les membres du collectif. Avec cette nouvelle approche de la performance de l’entreprise, ils entendent généraliser la comptabilisation « des dégradations du bien commun ou d’une consommation élevée des ressources naturelles », influant sur la valorisation des entreprises et le coût de financement des assurances.

Les participants du groupe de réflexion, néanmoins conscients des difficultés d’application de telles mesures à court terme, plaident pour une mise en place progressive associée à l’adoption d’un scoring environnemental, « la mise en place d’une comptabilité multicapitaux étant un chemin sinueux et difficile, ne serait-ce car nécessitant la mise en place d’un référentiel commun ».

Embarquer le consommateur pour agir sur la demande

« Maillon ultime de la filière alimentaire, le consommateur porte, par ses choix, une responsabilité importante dans la décarbonation de son assiette et, plus largement, dans la transition environnementale », selon les spécialistes du cercle de réflexion, favorables à la mise à disposition des informations nécessaires sur les pratiques les plus vertueuses et des mesures incitatives. Les pistes étudiées comprennent l’adoption collective par les entreprises, dans un souci d’éviter la distorsion de concurrence, d’un score environnemental affiché sur les produits alimentaires, afin de donner des clés aux consommateurs.

Cette notation une fois établie, permettrait de fixer un objectif relatif à l’offre de restauration hors domicile et mettre en place un message pour les produits « mal notés » pour sensibiliser les consommateurs sur leur acte d’achat et inciter les industriels à améliorer leurs produits. « La consommation est un sujet à large impact. C’est le domaine des petits gestes, mais multipliés par plusieurs dizaines de millions d’individus et leur millier de repas annuel ! », résument les contributeurs.

Les 5 grands chantiers de la transition environnementale : Les 21 recommandations du think tank agroalimentaire

– Généraliser le diagnostic à la parcelle

– Attacher un diagnostic qualité de sol à toute transaction

– Relier pratiques culturales et financement de l’agriculture

– Relier état du sol et affichage environnemental

– Rendre publiques les démarches de compensation/contribution carbone

– Intégrer le lieu de compensation comme un élément discriminant dans les appels d’offres

– Rapprocher le lieu d’émission du lieu de compensation

– Faire de la compensation carbone un élément d’information sur les produits

– Redresser l’Ebitda publié d’une valeur carbone

– Financiariser les performances extra-financières

– Mise en place d’une comptabilité multi-capitaux

– Désigner un référent environnement

– Faire du responsable RSE un mandataire social (ou d’un mandataire social le référent RSE)

– Mise en place d’un Pass RSE (ayant valeur de « permis de gérer » )

– Calcul d’un index RSE des entreprises

– Appel aux organisations professionnelles pour encourager l’adoption du scoring environnemental (par leurs membres)

– Utiliser le scoring pour qualifier l’offre de la restauration (et fixer des objectifs)

– Mise en place d’un message d’alerte pour les produits « mal notés »

– Affichage du scoring environnemental en situation d’achat

– Instaurer un bonus-malus sur quelques catégories de produits pour sensibiliser les consommateurs