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Filière biocarburant pour les betteraves

Le superéthanol E85 bondit – enfin – de 85 % en 2019


TNC le 28/01/2020 à 18:45
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En 2020, plus de 2 000 stations-service devraient proposer du superéthanol E85. (©CGB)

Quatorze ans après son expérimentation et seulement deux ans après la définition d’un cadre réglementaire pour homologuer les indispensables boîtiers E85, le superéthanol E85 décolle enfin. Les perspectives de développement de l’E85 pour les voitures et celles du biocarburant pour les avions offrent un débouché de diversification assuré pour les betteraves françaises.

Les membres de la Collective du bioéthanol, qui regroupe l’AIBS (l’interprofession de la betterave et du sucre) et le syndicat des producteurs d’alcool agricole, se sont félicités, mardi 28 janvier 2020, de la croissance record de la consommation de superéthanol E85 l’an passé.

« Le superéthanol E85 affiche une croissance record de ses volumes de 85 % sur 12 mois. » À 340 millions de litres, ce carburant, qui contient jusqu’à 85 % de bioéthanol issu de la fermentation de betteraves et de céréales, ne représente encore que 3 % du marché des essences.

Les automobilistes équipés d’un véhicule adapté à ce carburant peuvent désormais compter sur 1 740 stations-service, soit 634 stations de plus en un an. Le nombre d’installations de boitiers E85 explose

Ce développement dont se réjouissent les membres du collectif bioéthanol n’arrive pourtant pas trop tôt. L’expérimentation de ce carburant ne date pas d’hier, mais de 2006 ! Pourquoi a-t-il donc fallu 14 ans pour enfin voir décoller la production et les ventes de ce carburant « vert », le moins cher du marché des carburants – 0,69 € le litre en moyenne à la pompe en 2019 ? Outre l’offre restée très limitée de modèles automobiles « flexfuel » (supportant à la fois de l’essence SP98 ou SP95-E10 et du superéthanol-E85, ndlr), le législateur a beaucoup tardé à légiférer. L’arrêté pour l’homologation des boitiers E85 qu’il faut installer sur les véhicules à essence non-flexfuel n’a été publié que le 15 décembre 2017.

Depuis ce nécessaire cadre juridique pour l’homologation des boîtiers E85, le nombre d’installations demandées par les automobilistes a explosé. Fin 2019, le parc automobile adapté était estimé à 39 000 véhicules « flexfuel d’origine » et 90 000 véhicules essence équipés d’un boitier E85. L’arrêté d’homologation publié fin 2017 a permis d’homologuer 13 modèles de boîtiers de conversion.

Huit véhicules essence sur 10 sont aujourd’hui compatibles avec au moins l’un des 13 boîtiers. Cette démarche, qui coûte environ 1 000 euros, bénéficie de subventions dans certaines villes et régions, et la carte grise est gratuite dans 10 régions.

Que ce soit pour le superéthanol E85 ou le SP95-E10 contenant 10 % d’éthanol, les membres du collectif sont plutôt confiants en l’avenir de la filière. « En 2020, la part de marché du SP95-E10 dans les essences devrait dépasser 50 %. Et les volumes de E85 devraient encore progresser de plus de 50 %. Et des dizaines de milliers de boîtiers de conversion devraient être installés. »

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Toujours des freins politiques et réglementaires pour développer encore la filière

La mayonnaise entre l’arrivée de nouveaux véhicules « flexfuel » et le développement du nombre de stations-service donne ainsi de bonnes perspectives à la filière française des  biocarburants. Mais il reste des freins d’ordre politique et réglementaire pour développer le marché du bioéthanol, débouché diversifiant pour les betteraves françaises. À commencer par celui des objectifs d’incorporation de biocarburant dans l’essence. « Actuellement, ce taux est de 7 % pour les biocarburants de première génération, dont fait partie l’éthanol issu de betteraves. Nous défendons toujours un relèvement de ce taux », explique Nicolas Rialland, directeur environnement et affaires publiques de la CGB.

 « Deux rapports parlementaires – un venant de l’Assemblée nationale, l’autre du Sénat – encouragent le Gouvernement dans cette transition vers les biocarburants », poursuit-il.

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« L’éthanol est un débouché très important pour nous, dans notre contexte de crise », a rappelé pour sa part Guillaume Gandon, agriculteur betteravier dans l’Aisne. En plus, ça ne vient pas concurrencer les enjeux alimentaires ».

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