Le nouveau bureau du Modef se veut force de proposition sur le long terme


TNC le 21/05/2025 à 17:12
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(© © TNC)

Malgré un résultat décevant aux dernières élections chambres d’agriculture, le syndicat ressort plein d’énergie de son dernier congrès avec une équipe rajeunie, motivée pour proposer des solutions structurelles aux agriculteurs.

Avec une représentativité de 1,48 % aux dernières élections professionnelles, le Modef, cinquième syndicat agricole, a pris acte d’un résultat « pas à la hauteur de nos espérances », mais n’en ressort pas abattu, explique Frédéric Mazer, le 21 mai.

Avec Victoire Violaines, agricultrice en Guadeloupe, l’éleveur de brebis dans le Var a été élu co-président du Modef, à la tête d’un bureau rajeuni et féminisé. « Nous voulons être un syndicat qui ne s’inscrit pas uniquement dans la conjoncture mais qui propose des solutions structurelles, de long terme, dans l’intérêt des agriculteurs en général », ajoute-t-il, précisant par ailleurs que le syndicat a dépassé les 8 % dans tous les départements où il était présent.

La « régression » de la proposition de loi anti-contraintes

« Nos valeurs restent les mêmes : nous luttons pour le revenu des paysans, la reconnaissance de nos spécificités surtout en Outre-mer, l’accès à l’eau, à la terre, aux droits sociaux, contre les injustices agricoles et les injustices environnementales », rappelle Victoire Violaines.

Ainsi, la proposition de loi Duplomb, dite « anti-contraintes », constitue une véritable « régression » pour le Modef. « On ne se trompe pas de combat, ce n’est pas contre les agriculteurs qu’on se bat en essayant de faire en sorte que les produits soient les moins nocifs possible, car les agriculteurs sont les premiers qui s’empoisonnent », précise Frédéric Mazer.

En revanche, le syndicat déplore un problème de méthode. « Il faut surtout échanger avec les filières avant de créer des lois, de décider d’interdire ou pas », explique le secrétaire général, Lionel Girardi. Producteur de noisettes dans le Lot-et-Garonne, il faut selon lui utiliser les produits de façon « spécifique et précise ». « Chez nous, la pollinisation a lieu en janvier-février », et l’acétamipride, dont la réintroduction est prévue par la proposition de loi, « ne risque pas de tuer les abeilles », mais ce n’est pas le cas pour d’autres filières, indique-t-il.

Concernant le stockage de l’eau, que le texte entend également faciliter, la position du syndicat est claire : oui au stockage pendant l’hiver, mais non aux méga-bassines qui représentent « un contre-sens énorme : on pompe directement dans les nappes phréatiques, et on met l’eau dans des méga-bassines avec une évaporation pendant l’été avec la chaleur », d’où au final une perte d’eau, déplore le syndicat, qui demande par ailleurs à réserver cette irrigation aux agricultures de consommation dans le pays et « en aucun cas à des cultures liées à la spéculation ».

Souveraineté alimentaire : l’objectif 1 million de paysans

Pour le syndicat, la loi Duplomb ne permettra pas d’encourager les installations d’agriculteurs, or « les petits paysans, ce sont eux qui pourront assurer la souveraineté alimentaire », insiste Victoire Violaines. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Modef vise un objectif d’un million de paysans sur le territoire, ce qui ne pourra pas se faire sans rémunération, ajoute Lionel Girardi.

Le Modef espère ainsi que la réforme de la Pac permettra de réorienter « tout ou une partie des DPB sur des aides couplées à la production », tout en conservant les aides du 2ème pilier, explique Frédéric Mazer.

Malgré une faible représentativité, le syndicat entend bien faire entendre ses propositions à tous les niveaux, convaincu qu’elles sont davantage porteuses d’avenir que celles des syndicats « dits majoritaires », rappelle le co-président du Modef, citant Coluche : « ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont forcément raison ».