Accéder au contenu principal
Miel

Le gouvernement veut mieux contrôler l’origine des miels


AFP le 11/07/2019 à 18:50
honey glasses with honeycomb at a market stall

Le gouvernement prépare un décret rendant obligatoire l'étiquetage de tous les pays d'origine des miels de mélange vendus en France, a annoncé jeudi la secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher.

Cette perspective a été saluée par les apiculteurs français, aux prises avec une concurrence « déloyale », selon eux, de miels étrangers. Le décret vise à « renforcer l’information des consommateurs sur l’origine des miels issus de mélanges et conditionnés en France », ont écrit dans un communiqué commun les ministères de l’économie et de l’agriculture. Le gouvernement souhaite corriger la réglementation actuelle, qui manque de clarté et permet l’affichage de mentions peu transparentes comme par exemple « miels originaires et non-originaires de l’Union européenne ». Avec ce projet de décret, qui va être notifié à la Commission européenne, « les mélanges de miels commercialisés en France devront préciser sur leur étiquette la liste exhaustive des pays d’origine des miels les composant, par ordre pondéral décroissant », précise le communiqué, qui ajoute que « les pays dont sont originaires plus de 20 % des miels du mélange seront mis en évidence ».

L’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) a salué dans un communiqué « une belle avancée pour les consommateurs et les apiculteurs français ». Alain Bazot, le président de l’UFC-Que choisir, a fait part de sa « satisfaction » à l’AFP, même s’il « faut rester prudent dans l’attente du feu vert européen ». Évoquant « un produit emblématique très consommé en France », il « espère que cela va mettre le consommateur dans une situation d’arbitrage, avec une information suffisante » pour savoir ce qu’il achète. Depuis 2016, l’Unaf lutte contre une « concurrence déloyale pour les producteurs français, la France important 80 % des miels qu’elle consomme de certains pays d’origine pratiquant des prix anormalement bas, à commencer par la Chine, souvent épinglés pour des fraudes d’ajout de sirop de sucres ». Les services de la répression des fraudes français (DGCCRF) ont rendu public une enquête sur la qualité des miels vendus en France. 317 établissements, de la production à la distribution, ont été contrôlés et 262 échantillons de produits ont été analysés en laboratoire, indiquent-ils sur leur site internet.

Mentions abusives

Il en ressort que 43 % des miels analysés en laboratoire sont « non conformes » et 2 % « à surveiller ». «La plupart des non-conformités sont issues de problèmes d’étiquetage», note la DGCCRF, évoquant ‘absence de mention du pays d’origine, la présence de mentions abusives (« 100% naturel/toutes fleurs ») ou une « dénomination incorrecte », comme du « miel liquide » alors qu’il est « cristallisé ». « Une procédure contentieuse a été engagée à la suite de la découverte d’une francisation de plusieurs centaines, voire milliers de tonnes de miels espagnols et chinois », note toutefois l’instance, évoquant une « tromperie en bande organisée » qui « s’appuyait sur des intermédiaires actifs en France et en Espagne ». La production française, autour de 20 000 tonnes par an, est loin d’être suffisante pour satisfaire la consommation nationale d’environ 40 000 tonnes. Cette année, les apiculteurs français prévoient une production « catastrophique » en raison des conditions climatiques désastreuses, avait annoncé l’Unaf fin juin. En Europe, après l’Italie et la Grèce, l’Espagne a récemment annoncé la mise en place de l’affichage obligatoire sur les pots du pourcentage de chaque miel en fonction du pays d’origine. Selon les chiffres pour 2018, la filière apicole française compte 51 574 apiculteurs en activité.