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Bactérie E.coli

Le fabricant de steaks contaminés accuse son ex-bras droit… décédé


AFP le 05/02/2019 à 10:12

Le gérant du fournisseur de Lidl mis en cause dans le scandale des steaks hachés contaminés par la bactérie E.coli en 2011 a accusé son ancien responsable qualité, mort en 2017, lundi lors de son procès devant la Cour d'appel de Douai (Nord).

Guy Lamorlette, 78 ans, à la tête de la société SEB-Cerf basée à Saint-Dizier (Haute-Marne) depuis sa création, accuse son ex-responsable qualité, Laurent Appéré -qui s’est suicidé quelques jours avant le jugement en première instance, en juin 2017- d’avoir modifié de lui-même le plan de maîtrise sanitaire (PMS) et de lui avoir fait signer les papiers sans l’informer du fait que le nouveau « PMS-3 » n’était pas validé par les autorités sanitaires. « J’étais au courant pour le PMS-3 mais je pensais que c’était en accord avec les services vétérinaires », a assuré Guy Lamorlette, assurant avoir signé le PMS « en toute bonne foi ». « Appéré voulait faire (des contrôles) aléatoires, je lui ai fait confiance. »

En juin 2011, une quinzaine d’enfants avaient développé, après avoir mangé des steaks hachés achetés chez Lidl, des syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) qui ont laissé d’importantes séquelles. L’un d’eux, Nolan, est paralysé à vie et handicapé mental. Le nouveau PMS contrôlait uniquement les produits finis, de façon aléatoire, et non les matières premières. Lorsque les tests ont été positifs en E.coli, les échantillons ont à nouveau été testés pour ce germe afin d’éloigner le risque, mais sans contrôle spécifique à la dangereuse bactérie E.coli 0157H7, une source particulièrement dangereuse dont les tests de détection sont plus longs et plus coûteux.

Lors du procès en première instance, en juin 2017, contre de MM. Lamorlette et Appéré, Guy Lamorlette avait déclaré se sentir « responsable mais pas coupable ». Lundi, en appel, il a cette fois réfuté toute responsabilité, qu’il attribue à Laurent Appéré. Ce dernier s’était suicidé le 21 juin 2017, quelques jours avant le rendu du jugement. « Ça m’énerve, depuis le début il ne reconnaît pas ses torts. Il arrive même à me faire culpabiliser, moi, d’avoir donné ce steak à mon fils », a déclaré à l’AFP la mère de Nolan, 9 ans. Guy Lamorlette avait été condamné en première instance à trois ans de prison, dont deux ferme, 50 000 euros d’amende, plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts pour de nombreuses familles de victimes et à une interdiction d’exercer dans le secteur industriel et commercial.