Le collectif, un « choix politique » qu’illustrent les nouveaux élus de la Conf’


TNC le 15/05/2025 à 17:42
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Le nouveau secrétariat national de la Confédération paysanne, le 15 mai. (© Confédération paysanne)

Un mois après son congrès à Langres, la Confédération paysanne a désigné son nouveau secrétariat national composé de neuf élus, dont trois porte-paroles bien décidés à mettre en avant l’importance du collectif pour peser face aux enjeux agricoles et sociétaux actuels.

Renouvelé tous les deux ans, le comité national de la Confédération paysanne se révèle plus jeune, et plus mixte, avec 45 % de femmes sur 66 membres. Ces 14 et 15 mai, une première réunion de ce comité a désigné le nouveau secrétariat national avec à sa tête, trois porte-paroles. Thomas Gibert, Fanny Métrat et Stéphane Galais se partagent désormais la tâche portée seule pendant deux ans par Laurence Marandola.

Un choix « mûrement réfléchi, dans le souci d’être un maximum représentatif », explique Fanny Métrat, installée depuis 2009 en Ardèche, sur une ferme « isolée dans une pente » où elle élève des brebis viande et produit des châtaignes. Au-delà de l’image, c’est aussi un « choix politique », car « le collectif est au cœur du travail de la Conf’ », poursuit-elle.

« On est dans un moment politique avec des enjeux très importants, la seule solution va être une défense collective et non pas un repli sur soi, ou de l’individualisme », ajoute Stéphane Galais, éleveur laitier en Ille-et-Vilaine. « C’est à plusieurs que doit se construire la défense des paysannes et des paysans » insiste-t-il, justifiant ainsi l’importance symbolique d’être trois porte-paroles.

Revenu et installation, des priorités toujours aussi actuelles

Parmi les principaux sujets de combat, « la question du revenu reste absolument centrale », indique Thomas Gibert, pour qui le mal-être agricole « est un problème de rémunération et de charge de travail ». Le syndicat entend continuer à se battre pour des prix rémunérateurs mais également, dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune, pour « une meilleure répartition des aides publiques ».  

Les trois porte-paroles de la Confédération paysanne, Thomas Gibert, Fanny Métrat et Stéphane Gallais, le 15 mai. (© Terre-net Média)

Et la défense des agriculteurs ne se fera pas au détriment des normes environnementales, gages pour la Conf’ d’une protection à long terme de l’outil de travail des paysans. La question est d’autant plus sensible que la proposition de loi Duplomb destinée à « lever les contraintes » est actuellement débattue à l’Assemblée nationale. « On nous fait croire que la profession veut baisser les normes environnementales, mais seulement 7 % du monde agricole estime que ces questions sont une priorité », déplore Thomas Gibert, alors que la FNSEA a promis le matin même de nouvelles actions à partir du 26 mai pour que la loi soit votée. « On ne sera jamais compétitif sur le marché international avec un abaissement des normes environnementales », ajoute-t-il.

La Confédération paysanne estime de son côté que cette proposition de loi « mortifère pour les paysans et les paysannes » va accélérer la diminution du nombre d’agriculteurs, « en donnant toujours plus de compétitivité au bénéfice des puissants et de l’agro-industrie », dénonce Stéphane Galais. « On appelle tous les paysans et paysannes à interpeller les députés pour qu’ils rejettent cette proposition de loi », ajoute-t-il.

Pas de « vision populiste » mais un accompagnement de terrain

De façon plus globale, le syndicat entend poursuivre son action d’accompagnement sur le terrain, « un travail de longue haleine, sans simplification à outrance », souligne Fanny Métrat qui précise : « on ne surfera pas sur une vision populiste des choses ».

Une « vision populiste » qui a contribué à la percée d’un autre syndicat agricole lors des dernières élections aux chambres d’agriculture, laissant la Conf’ – qui a progressé de son côté, mais dans une moindre mesure – interrogative quant à la difficulté de faire passer ses messages. « On réfléchit à adapter la forme du discours pour être plus audible », confient les nouveaux membres du secrétariat national. Le syndicat peut néanmoins se targuer d’une progression importante de son nombre d’adhérents ces dernières années, qui confirme une portée de leur discours auprès des générations plus jeunes.