Le blé au plus haut depuis l’été 2023 sur les marchés mondiaux
AFP le 15/05/2024 à 17:42
Les prix du blé sont revenus à leur plus haut niveau depuis l'été 2023, attisés par une météo défavorable aux cultures d'hiver en Russie et aux semis chez d'autres grands producteurs, ainsi que par un rapport anticipant une baisse des stocks mondiaux.
La céréale du pain a clôturé lundi sur Euronext au plus haut depuis juillet, à 258,75 euros la tonne pour l’échéance de septembre – la plus échangée. A Chicago, le boisseau pour livraison en juillet s’échangeait mercredi à 6,8775 dollars, un niveau plus vu depuis août.
« C’est une période cruciale pour les cultures, c’est normal qu’on s’inquiète pour la météo », remarque Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France (cabinet Agritel).
Les acteurs du marché scrutent la situation en Russie où des gelées ont frappé les trois grandes régions de blé d’hiver, dans le centre, le sud et le bassin de la Volga. Certaines zones souffrent parallèlement d’un manque d’eau.
« La météo des trois prochaines semaines sera déterminante », souligne Sébastien Poncelet. Dans tous les cas, « le potentiel de production se dégrade et des prévisions anticipent déjà une récolte en dessous de 90 millions de tonnes, voire vers les 85 millions », relève l’expert.
Météo capricieuse
D’autres grandes zones de production pâtissent aussi de conditions non optimales. Un excès d’eau sur la Corn Belt, dans le centre des Etats-Unis, retarde les semis de maïs. Le temps est aussi un peu trop humide au Canada mais trop sec en Australie.
En Amérique du Sud, les inondations dans le sud du Brésil affectent toujours des cultures tandis qu’en Argentine, des attaques de cicadelles, un insecte pouvant transmettre un virus, touchent le maïs.
En Europe de l’Ouest, « la météo reste capricieuse », ce qui complique les semis de printemps, de maïs et de tournesol notamment, indique Sébastien Poncelet.
L’autre élément ayant participé au bond des cours est la publication vendredi du rapport mensuel des autorités américaines sur les stocks de produits agricoles. Ce document « estime que, pour la cinquième année de suite, la consommation (mondiale de blé) va dépasser la production », souligne Jake Hanley de Teucrium Trading qui y voit un « élément fondamental de soutien ». Les stocks devraient en conséquence encore baisser, prédit le rapport.
Si vous êtes un fonds d’investissement positionné à la baisse, « vous êtes moins serein qu’il y a deux mois », observe Jake Hanley : ceux qui avaient parié sur un recul des cours du blé rachètent pour couvrir leurs positions.
Pour Dewey Strickler de Ag Watch Market Advisors toutefois, « le marché est allé un peu vite en besogne ». « Il y a de la sécheresse en Russie, (…) mais la qualité attendue de la récolte américaine n’a pas varié », remarque-t-il.
Soja abondant
La propension du prix du blé à grimper davantage va dépendre de l’évolution du dollar, qui s’est replié ces dernières semaines, avance de son côté Michael Zuzolo de Global Commodity Analytics and Consulting.
Le cours du maïs ont aussi augmenté mais dans une moindre mesure que ceux du blé, grimpant à leur plus haut niveau depuis septembre sur Euronext pour l’échéance d’août – la plus échangée – à environ 222 euros, et depuis janvier à Chicago pour l’échéance de juillet.
Dans leur rapport, les autorités américaines ont anticipé des stocks de fin de campagne moins élevés que prévu avec une baisse de la production mondiale sur la campagne 2024/2025. « Mais il y a encore beaucoup de maïs » disponible et les cours n’ont pas une grande marge de progression, selon Jake Hanley.
La situation est encore plus défavorable pour le soja, avec « un marché plus inondé que jamais » par l’oléagineux, ajoute l’analyste. « Le rapport entre les stocks et la consommation (pour la campagne de 2024/25) est de 32 %. Le record historique est de 33 %. » Par ailleurs, « l’impact des inondations au sud du Brésil semble s’atténuer pour le soja », selon Sébastien Poncelet.
Les cours du soja à Chicago pour livraison en juillet se stabilisaient après avoir grimpé début mai à un pic en huit mois. Sur Euronext, les cours du colza ont grimpé à près de 485 euros la tonne lundi sur l’échéance d’août, leur plus haut niveau depuis juillet, avant de se tasser.