Énergie

Le bioéthanol, un débouché de plus en plus sûr pour les agriculteurs


TNC le 23/01/2024 à 17:20
Recolte_de_betteraves

45 à 50 % de la production de bioéthanol est issue de la betterave sucrière en France. (© TNC)

La consommation annuelle du carburant continue de progresser, garantissant une demande en biomasse essentiellement issue des grandes cultures, dans une filière 100 % française.

Après une année record en 2022, marquée par une augmentation de 83 %, la consommation annuelle de superéthanol E85 a encore progressé de 5 % en 2023. « La France est très largement leader en Europe dans ce secteur », se félicite Sylvain Demoures, secrétaire général du Syndicat National des Producteurs d’Alcool Agricole (SNPAA), lors d’une conférence sur la dynamique du bioéthanol en France organisée ce mardi 23 janvier.

Pas de soja, pas d’huile de palme : toute la matière première utilisée par cette filière est 100 % française. Elle provient de la betterave sucrière (entre 45 et 50 %), des céréales (entre 45 et 50 %) des résidus sucriers, amidonniers et, de plus en plus, viticoles. La concurrence accrue pour la biomasse, notamment avec la méthanisation, n’inquiète pas le SNPAA. « Nous n’utilisons que 0,7 % de la surface agricole utile nette des coproduits en France. Nous pourrions facilement doubler cette quantité. Cela permettrait de produire beaucoup d’énergie pour peu de surface », note Sylvain Demoures.

Un avenir entre les mains de l’Europe

Du côté des chiffres, les voyants sont au vert pour le bioéthanol en France, qui vient de repasser sous la barre des 1€ (0,90 €/l, soit 910 € économisés pour 20 000 km parcourus). 39 % des stations françaises proposent aujourd’hui du superéthanol E85 (près de 3 600 au total, 276 de plus en 2023), le nombre de voitures équipées a progressé de 23 % en un an (pour un parc total de 371 000 véhicules), l’E85 représente 6,5 % de l’essence consommée en France (contre 0,8 % en 2013)… Le SP95-E10 a dépassé, de son côté, les 60 % de part de marché des essences en 2023, un nouveau record.

De quoi garantir une demande en biomasse et un revenu fiables pour les agriculteurs. « Ils souhaitent plus de visibilité sur les débouchés et les moyens de production », reconnaît le secrétaire général du SNPAA.

Sur le plus long terme, le bioéthanol espère intégrer le règlement européen, adopté en 2023, qui prévoit zéro émission de CO2 au pot d’échappement pour tous les véhicules neufs vendus après 2035. Une étape cruciale pour son avenir. « La porte reste ouverte à d’autres solutions que le 100 % électrique. Des discussions sont en cours à Bruxelles, les conclusions sont attendues pour 2024 », indique-t-on au SNPAA.