L’argent à un sommet, le sucre en chute et l’aluminium sans éclat


AFP le 06/06/2025 à 16:45

Les métaux précieux ont fortement progressé cette semaine, portés par des inquiétudes sur l'économie américaine et une nouvelle escalade entre l'Ukraine et la Russie, l'argent atteignant même son plus haut depuis 2012 vendredi.

Entre la hausse des droits de douane sur l’acier et l’aluminium et la vaste opération menée dimanche par l’Ukraine contre des aérodromes militaires en Russie jusqu’en Sibérie, les métaux précieux ont pleinement joué leur rôle de valeur refuge sur les marchés.

« Trump a parlé de supprimer le plafond de la dette. Je pense que cela joue également un rôle dans la raison pour laquelle les investisseurs cherchent à s’exposer aux actifs tangibles » (ayant une existence physique, ndlr), assure Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

Vendredi, vers 13h50 GMT (15h50 à Paris), l’once d’or s’échangeait à 3.350,51 dollars, contre 3.289,25 dollars sept jours plus tôt à la clôture. Mais c’est surtout l’argent qui a bondi cette semaine, s’affichant à son plus haut niveau depuis 2012, à 36,3350 dollars.

« L’argent reste bien en deçà de son pic de 2011, proche de 50 dollars, ce qui pourrait permettre une nouvelle sur-performance, les investisseurs hésitant à acheter de l’or à des prix record », explique M. Hansen.

L’once d’argent se négociait vendredi à 35,2135 dollars, contre 32,9832 dollars sept jours plus tôt à la clôture.

Excès de sucre

Les cours du sucre se sont enfoncés cette semaine, atteignant leur plus bas niveau depuis quatre ans, avec des attentes de bonnes récoltes en Inde et en Thaïlande et un cours du pétrole qui reste bas.

« Le marché a été soumis à une pression constante au cours des deux dernières semaines en raison de l’amélioration des prévisions concernant les récoltes de canne à sucre en Inde et en Thaïlande, grâce à l’arrivée précoce de la mousson annuelle », explique Mark Bowman analyste chez ADM Investors Services.

Lundi, la Fédération nationale des coopératives sucrières de l’Inde (NFCSF), qui est le second pays producteur de sucre au monde, a annoncé « que la production indienne de sucre en 2025/26 augmenterait de 19 % en glissement annuel », rapporte Rich Asplund, analyste pour le site Barchart.

Par ailleurs, la faiblesse du pétrole brut, qui s’échange près des 65 dollars le baril, fait pression sur les prix de l’éthanol.

Cela incite les sucreries du monde entier à consacrer une plus grande part de la trituration de la canne à sucre à la production de sucre plutôt que d’éthanol.

Cette hausse de l’offre, associée à un ralentissement économique liée à la politique commerciale des Etats-Unis, qui fait craindre une consommation moins importante à travers le monde, plombe les cours du sucre.

Vendredi, à New York, la livre de sucre brut pour livraison en juillet valait 16,49 cents, contre 17,05 cents sept jours auparavant, après s’être affichée à 16,41 cents, au plus bas depuis 2021.

A Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en août valait 462,20 dollars contre 476,10 dollars le vendredi précédent à la clôture, après s’être affichée à 461,30, là aussi un plus bas depuis 2021.

L’aluminium pâle

Le cours de l’aluminium sur la Bourse des métaux de Londres (LME) a peu bougé cette semaine, malgré les nouveaux droits de douane de Donald Trump sur le métal, avec une capacité limitée des Etats-Unis à augmenter leur production.

Le président américain Donald Trump a signé mardi le décret faisant passer de 25 % à 50 % les droits de douane imposés aux importations d’acier et d’aluminium, deux secteurs considérés comme stratégiques et que le locataire de la Maison Blanche souhaite protéger.

Ces nouveaux droits de douane devraient surtout « accroître les prix des métaux aux Etats-Unis comparé aux autres endroits » dans le monde, affirme Lily Millard de Capital Economics. Car dans le cas de l’aluminium aux Etats-Unis, « la capacité d’augmenter la production nationale pour compenser ces effets sur les prix est faible », précise l’analyste.

Sur le LME, une tonne de métal d’aluminium coûtait 2.440 dollars vendredi, contre 2.444 dollars sept jours plus tôt à la clôture.