L’Ania dénonce les alliances de distributeurs
AFP le 24/09/2024 à 12:55
L'Association nationale des industries alimentaires (Ania) a accusé mardi les grands distributeurs Intermarché, Auchan et Casino, qui ont décidé de s'allier pour leurs achats, de vouloir contourner la loi française « pour ne pas payer le juste prix ».
Après l’annonce lundi de la création de l’alliance « Aura Retail » par ces trois distributeurs, l’Ania a dénoncé dans un communiqué « le scandale des centrales d’achat internationales qui menacent le principe même des lois EGAlim et s’attaquent à la souveraineté alimentaire française ».
« En quelques années, (ces centrales) sont devenues un péage obligatoire pour que les entreprises puissent entamer leur négociation avec leurs clients distributeurs, sans aucune valeur ajoutée pour les industriels, forcés désormais de négocier la majorité de leur chiffre d’affaires hors de France et donc sous le radar de la loi française », dit le communiqué.
Cette alliance « Aura Retail », qui va réunir Intermarché, Auchan et Casino (Monoprix, Franprix) sera organisée en cinq entités, dont deux basées hors de France, ont annoncé lundi ces parties prenantes.
Selon Auchan et Intermarché, cette alliance rejoindra la centrale européenne Everest, mise en place aux Pays-Bas par l’allemand Edeka et le néerlandais Picnic, ainsi qu’une autre centrale, Epic. Objectif avancé : « négocier les meilleures conditions tarifaires auprès des plus puissants industriels multinationaux », ce qui permettra « aux consommateurs de bénéficier de prix plus avantageux ».
Mais pour l’Ania, « on ne peut pas déclarer, comme le font les distributeurs, soutenir l’application de la loi EGAlim qui vise à protéger le revenu des agriculteurs, et ne pas l’appliquer en installant des comptoirs de négociation à l’étranger ».
« Alors que la principale préoccupation collective devrait être de renforcer notre souveraineté alimentaire en permettant la construction du prix (…) tout au long de la filière alimentaire, les distributeurs ont pour seul objectif le prix le plus bas pour grappiller quelques points de parts de marché à leurs concurrents, » écrit le président de l’Ania, Jean-François Loiseau.
« Si nous ne rectifions pas le tir rapidement, le problème des centrales d’achat internationales, qui organisent le contournement de la loi française, ne concernera plus uniquement les grandes entreprises mais s’étendra d’ici peu aux ETI et aux PME », met-il en garde.
Ce type de centrales ouvertes par plusieurs distributeurs ces dernières années hors de France avaient été pointées du doigt par des syndicats agricoles et des hommes politiques lors de la crise agricole de l’hiver, les accusés se défendant pour leur part de vouloir contourner la loi française.