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Revenus des agriculteurs

L’activité agricole ne compte que pour un tiers du revenu des ménages agricoles


TNC le 11/10/2021 à 17:22
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Les revenus de l'activité agricole ne représentent qu'un tiers des revenus des ménages agricoles. (©Pixabay)

Le niveau de vie des ménages agricoles est similaire à celui des autres ménages français, avec des conditions de vie qui s’avèrent globalement plus favorables. Néanmoins, l’activité agricole ne contribue, en moyenne, qu’à un tiers des revenus des ménages agricoles : les revenus du patrimoine et les salaires représentent également une part importante. L'hétérogénéité s'avère forte entre territoires, en lien avec les secteurs productifs, ainsi les ménages agricoles les plus exposés à la pauvreté se trouvent majoritairement dans les territoires d’élevage bovin viande ou mixte, souligne une étude de l’Insee parue le 11 octobre.

Bénéficiant d’un niveau de vie médian similaire à celui des ménages français, les ménages agricoles disposent de conditions de vie globalement meilleures. Ainsi, le taux de pauvreté (en conditions de vie) des exploitants agricoles est deux fois moins élevé que celui de l’ensemble de la population, indique une note Insee Première, parue le 11 octobre. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation : une partie des dépenses privées des ménages agricoles, telles que le logement ou l’énergie, peuvent être intégrées dans les comptes de l’exploitation. Les ménages agricoles sont plus souvent propriétaires de leur logement que le reste des ménages français, d’où des difficultés de logement moindre. Cependant, s’ils sont moins affectés par des restrictions de consommation courante, ils souffrent plus fréquemment d’insuffisances de ressources.

Une part importante des fermages et des salaires

Le revenu disponible moyen annuel des ménages agricoles s’élève à 52 400 euros en 2018, mais seulement un tiers provient de l’activité agricole, soit 17 700 euros. Le reste des revenus des ménages est apporté par les salaires issus de l’activité du conjoint(e) de l’exploitant(e) qui, lorsqu’il travaille, est salarié dans sept cas sur dix, ou de l’agriculteur lui-même, un exploitant agricole sur cinq étant bi-actif, précise l’Insee. Par ailleurs, les activités comme la vente de produits artisanaux ou le tourisme à la ferme apportent des revenus qui ne sont pas comptabilisés dans le revenu agricole.

Enfin, 20 % du revenu disponible des ménages agricoles provient des revenus du patrimoine, sous forme essentiellement de revenus fonciers (fermages). « De manière générale, le patrimoine des agriculteurs repose davantage sur leur patrimoine professionnel et moins sur les actifs financiers et immobilier », indique l’Insee.

Bovins viande : une personne sur quatre sous le seuil de pauvreté

L’hétérogénéité reste forte entre secteurs productifs, et l’on retrouve une fracture habituelle entre territoires d’élevage, où les revenus des ménages agricoles sont les plus faibles, et zones de culture. En 2018, les revenus générés par l’activité agricole des ménages des territoires viticoles sont 1,9 fois supérieurs à ceux des territoires d’élevage bovin.

Ainsi, dans les territoires de production de bovins viande ou mixte, d’ovins ou de caprins (où vivent 17 % des ménages agricoles), les revenus agricoles constituent 30 % des ressources, mais « ceux provenant d’autres activités étant également faibles, ces ménages sont très exposés à la pauvreté». Une personne sur quatre y vit sous le seuil de pauvreté, souligne l’Insee. C’est en bovin viande que les revenus tirés de l’activité agricole sont les plus bas, à 11 300 € (en 2018). Plusieurs facteurs expliquent parallèlement la faiblesse de leur niveau de vie, comme l’éloignement des pôles d’emplois, qui limite la bi-activité. De plus, les éleveurs en bovins viande vivent plus souvent seuls que les autres agriculteurs, ce qui les prive des revenus potentiels d’un conjoint ou d’un autre membre de la famille.

Des revenus meilleurs en vaches laitières et granivores

Les ménages agricoles des territoires d’élevage de vaches laitières ou de granivores (volaille, porc, etc.) ont des revenus agricoles plus élevés que dans les autres territoires de productions animales. Dans les territoires d’élevage laitier, les revenus agricoles sont en moyenne de 17 000 euros en 2018 et ils constituent 38 % des revenus des ménages agricoles. Néanmoins, les couples d’agriculteurs exploitants sont nombreux, et l’activité est astreignante, ce qui limite les autres sources de rémunération.

Dans les territoires d’élevage de granivores, les revenus agricoles s’élèvent en moyenne à 21 200 euros et représentent 43 % des ressources du ménage. En conséquence, les ménages sont moins touchés par la pauvreté que dans les autres territoires d’élevage, indique les données de l’Insee.

Les revenus agricoles les plus élevés en grandes cultures et viticulture

Les revenus agricoles sont les plus élevés dans les territoires orientés grandes cultures et les territoires viticoles, où ils représentent plus de 40 % des ressources des ménages agricoles. Dans les zones spécialisées en grandes cultures, les revenus agricoles des ménages atteignent 28 800 euros, et un quart des agriculteurs exercent une autre activité salariée. Ces territoires regroupent seulement 5 % des ménages agricoles, qui résident en majorité dans les Hauts-de-France et dans les départements voisins, territoires de production de betteraves et de pommes de terre notamment, précise l’Insee.

Les revenus des ménages agricoles sont proches de la moyenne dans les zones de grandes cultures spécialisées en céréaliculture et en oléagineux et protéagineux. La part des autres revenus (patrimoine et salaires) sont plus importants que dans les autres territoires. Par ailleurs, un quart des agriculteurs exercent une activité secondaire salariée.

Les territoires de polyculture et de poly-élevage, qui représentent près de 40 % des ménages agricoles, disposent d’un niveau de ressources médian entre les ménages agricoles des territoires de productions animales et ceux des territoires tournés vers les productions végétales. Leurs revenus agricoles sont assez faibles, 15 800 euros en moyenne, et leurs autres sources de revenus d’un montant proche de la moyenne des ménages agricoles. À noter que la diversité des productions les protège davantage que les autres des variations brutales de revenus.

Enfin, les revenus tirés de la viticulture peuvent être importants (Champagne, Bourgogne…) mais également très hétérogènes.