L’abondance de maïs fait chuter les prix américains, au plus bas depuis un an
AFP le 14/08/2025 à 05:00
Les cours du maïs évoluaient mercredi à des niveaux plus vus depuis l'été dernier aux États-Unis, après la publication d'un rapport anticipant des récoltes américaines plus massives que prévu, tandis que les prix du soja repartent à la hausse.
A Chicago, le grain jaune subit une lente mais persistante érosion des prix depuis le printemps. Alors que le boisseau (environ 25 kg) s’échangeait aux alentours de 4,90 dollars en avril, son prix n’était plus que de 3,71 dollars à la clôture mardi.
Les analystes s’attendent depuis des mois à une très bonne récolte, portée notamment « par des conditions météorologiques extraordinaires », explique auprès de l’AFP Damien Vercambre, courtier à Inter-Courtage.
Mais les cours ont encore plus fléchi après la parution mardi d’un rapport mensuel du ministère américain de l’Agriculture (Wasde) relevant les prévisions de récolte mondiale de maïs pour la future campagne, grâce à des rendements hors norme aux États-Unis.
Selon ces projections, la production américaine de maïs lors de la campagne 2025-2026 devrait désormais tutoyer les 425 millions de tonnes, du jamais vu, avec pour conséquence une production mondiale attendue à 1,29 milliard de tonnes, là encore un record.
Le ministère américain de l’Agriculture prévoit également que le rendement aux États-Unis devrait atteindre « un niveau record de 188,8 boisseaux par acre » (0,4 hectare).
Face à cette profusion de maïs, l’USDA s’attend à ce que le boisseau soit payé en moyenne 3,90 dollars aux agriculteurs, contre 4,20 dollars précédemment.
« La véritable surprise pour le secteur a été la forte variation dans les surfaces cultivées » avec une hausse du côté du maïs, note auprès de l’AFP Alan Brugler, de Brugler Marketing and Management.
« Les traders s’attendaient à un rapport baissier, mais celui-ci a largement dépassé les prévisions, c’est pourquoi les cours sont tombés », appuie Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors.
Cela a aussi entraîné les prix du blé vers le bas, la céréale ayant lâché plus de 1,5 % à 5,05 dollars le boisseau mardi à Chicago, et ce malgré une légère révision à la baisse des stocks de fin de campagne dans le rapport Wasde.
Soja « nerveux »
Après avoir lui aussi connu une baisse ces derniers mois, le soja se montre désormais « hyper nerveux face à toute nouvelle », assure auprès de l’AFP Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France.
Dans la nuit de dimanche à lundi, le président américain a appelé sur sa plateforme Truth Social la Chine à « quadrupler ses achats de soja américain ». Ces propos, qui ouvrent la possibilité d’une demande accrue, ont suffi à faire grimper les cours de l’oléagineux en début de semaine.
Cible de choix de Donald Trump dans sa guerre commerciale, Pékin a jusqu’ici sensiblement réduit ses achats de soja américain.
« Au cours de la dernière décennie, la Chine a investi des milliards de dollars dans les infrastructures de transport et d’importation du Brésil (pour) réduire sa dépendance vis-à-vis du soja américain », souligne Dewey Strickler.
La progression du soja a également été soutenue par la publication du rapport Wasde mardi.
L’USDA « a retiré des surfaces cultivées en soja ce qui donne moins de production et un stock de fin de campagne minime aux États-Unis », souligne Damien Vercambre.
« Ce stock est plus petit que prévu ce qui pousse les fonds à racheter du soja », ajoute l’analyste.