La souveraineté alimentaire est-elle au service de « la compétitivité à tout prix » ?


TNC le 29/08/2025 à 16:50
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Pour le CCFD Terre solidaire, la France instrumentalise le concept de souveraineté alimentaire, au détriment des pays du Sud (© Adobe Stock)

Etendard des dernières lois agricoles, comme la loi d’avenir ou la loi Dupomb, la souveraineté alimentaire souffre aujourd’hui d’une instrumentalisation politique, estime l’ONG CCFD-Terre solidaire, qui dénonce les effets négatifs des interdépendances entre la France et les pays du Sud dans son Observatoire publié au début de l’été.

« Nos échanges agricoles et alimentaires avec les pays du Sud révèlent des déséquilibres profonds, et des dépendances qui compromettent leur souveraineté alimentaire autant que la nôtre. Cette course au podium mondial se fait au prix des droits humains, de l’environnement, et au profit d’une minorité d’entreprises agroalimentaires », déplore le CCFD-Terre solidaire, ONG de solidarité internationale, qui lutte contre la faim dans le monde.

L’organisation a rendu publique fin juin la première édition de son Observatoire de la souveraineté alimentaire, qui met en avant les « coûts cachés » des dépendances alimentaires françaises, notamment la déforestation importée, ou l’export de pesticides interdits en France (qui a représenté 7 300 tonnes en 2023).

Pour le CCFD-Terre solidaire, la France utilise la notion de souveraineté alimentaire pour « soutenir ses capacités exportatrices », au détriment des pays du Sud, dont la dépendance aux importations de produits français a augmenté au cours des dernières décennies. Ce phénomène, hérité de la logique coloniale, s’observe particulièrement avec les Pays les moins avancés, dont la France importe des produits bruts tout en y exportant principalement des produits transformés.

En finir avec « le dogme de la compétitivité à tout prix »

Pour le CCFD-Terre solidaire, le « dogme de la compétitivité à tout prix », qui repose sur des soutiens publics européens et dont les pays du Sud ne peuvent pas bénéficier, « fragilise l’ensemble du système alimentaire français en privilégiant la spécialisation au détriment de la diversification nécessaire à l’agroécologie et à la résilience locale ».

L’ONG propose donc de repenser les échanges agroalimentaires entre les pays, pour passer « de la compétition à la coopération ». Concrètement, le rapport formule plusieurs recommandations comme renforcer la gouvernance mondiale du commerce agricole et agroalimentaire, réguler le commerce européen grâce à des clauses de sauvegarde ou des mesures miroirs afin de protéger les filières locales, interdire la production et la commercialisation, vers les pays-tiers, de produits interdits en Europe, ou encore réviser les accords de libre-échange.