La récolte record de maïs et les droits de douane plombent les prix des grains


AFP le 07/08/2025 à 10:45
2bc8c514-0-la-recolte-record-de-mais-et-les-droits-de-douane-plombent-les-prix-des-grains

Selon Sébastien Poncelet, d'Argus Media, « le débat aujourd'hui sur le maïs américain porte sur la hauteur du record » et non pas sur « le fait d'avoir un record ». (© dvande/AdobeStock)

Récoltes record en vue et météo clémente : les prix des céréales restent orientés à la baisse cette semaine sur les marchés internationaux, pénalisés aussi par l'épée de Damoclès des droits de douane.

A la Bourse de Chicago, les cours des trois principaux grains ont reflué, le blé clôturant mardi à 5,08 dollars le boisseau (environ 27 kg) tandis que le soja s’échangeait à 9,62 dollars le boisseau. Le maïs a, lui, terminé à 3,81 dollars le boisseau (environ 25 kg), au plus bas depuis septembre.

Aux États-Unis, « les marchés s’adaptent aux évaluations des récoltes, qui maintiennent des notes très élevées (…), les meilleures depuis 2016 pour le maïs », commente auprès de l’AFP Dax Wedemeyer, de US Commodities.

Selon un rapport du ministère américain de l’Agriculture (USDA) publié lundi, 73 % des cultures sont considérées comme bonnes ou excellentes, contre 66% l’année passée à la même période.

Une production américaine record en maïs

« Le débat aujourd’hui sur le maïs américain porte sur la hauteur du record » et non pas sur « le fait d’avoir un record », souligne Sébastien Poncelet, courtier à Argus Médias à Paris.

La raison de ces « rendements extraordinaires », selon Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage : « De l’eau quand il fallait » et « pas de grosses chaleurs durant la pollinisation ». De belles récoltes de grains jaunes sont également attendues au Brésil et en Argentine.

La publication mardi des estimations mensuelles de l’USDA sur les productions et réserves mondiales agricoles (WASDE) pourrait confirmer cette tendance.

Les prix du blé dans le sillage de ceux du maïs

La baisse des prix du maïs est telle qu’elle entraîne avec elle les cours du blé. Le blé américain est désormais « quasiment le moins cher du monde », assure Damien Vercambre.

« On observe de très bonnes ventes à l’export aux États-Unis », abonde M. Poncelet, qui souligne aussi une bonne dynamique en France alors que « les volumes peinent à se charger sur la mer Noire ».

« Les rendements n’ont pas été très bons dans le sud de Russie, là où c’est le plus facilement exportable car plus près des ports », décrit Damien Vercambre. Mais l’analyste observe désormais une forme de « rattrapage » grâce aux récoltes du centre du pays.

La Chine absente

Côté soja, au début de la période de floraison, les opérateurs s’interrogent sur la poursuite des bonnes conditions météorologiques aux États-Unis. « Un déficit hydrique et de fortes chaleurs au mois d’août (…) auront des conséquences minimales sur le rendement du maïs » mais peuvent « encore en avoir sur le soja », selon Sébastien Poncelet.

En outre, les incertitudes autour des droits de douane imposés par Donald Trump sur les partenaires commerciaux des États-Unis continuent de peser sur les cours, alors que la plupart de ces surtaxes douanières doivent entrer en vigueur jeudi 7 août.

« C’est une espèce d’épée de Damoclès qui flotte un peu sur tout le monde », estime Damien Vercambre. C’est surtout l’absence d’accord avec la Chine qui inquiète les acteurs du marché, « l’export de soja américain » étant « ultradépendant des performances sur le marché chinois », renchérit Sébastien Poncelet.

Ces derniers mois, Pékin a drastiquement réduit ses importations de soja cultivé aux Etats-Unis, selon les données du ministère américain de l’Agriculture. Le marché tente de rester « optimiste », mais « il ne semble pas que la situation puisse s’améliorer dans l’immédiat », note Dax Wedemeyer.

Selon Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting, un accord commercial avec l’Inde « aurait un impact très important » car il pourrait « compenser la demande agricole chinoise » des dernières années.

Toutefois, « cela semble très lointain, compte tenu des récentes déclarations américaines concernant l’achat de pétrole brut russe » par l’Inde, commente l’analyste. Donald Trump a relevé mercredi de 25 % la surtaxe sur les produits indiens, la portant à 50 %.