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Europacity

La justice s’oppose à l’aménagement de terres pour implanter le complexe


AFP le 13/03/2019 à 11:05

Le projet de méga-complexe Europacity verra-t-il le jour ? La justice s'est de nouveau prononcée mardi contre l'urbanisation de la vaste zone agricole au nord de Paris où devait s'implanter ce parc de commerces et loisirs, un revers qui n'entame pas la « confiance » de son promoteur.

Le tribunal administratif de Pontoise a annulé le plan local d’urbanisme (PLU) approuvé par le conseil municipal de Gonesse (Val-d’Oise) le 25 septembre 2017. Il a estimé qu’ouvrir la voie à l’urbanisation de 248 hectares de terres agricoles constituait une « erreur manifeste d’appréciation ». Le maire (PS) de cette commune du Val-d’Oise, Jean-Pierre Blazy, a immédiatement annoncé son intention de faire appel de cette décision qui porte un nouveau coup d’arrêt au projet d’urbanisation de ce secteur coincé entre les aéroports de Roissy et du Bourget. Outre Europacity, un parc de commerces et de loisirs étendu sur 80 hectares, le projet prévoit la création d’une gare du Grand Paris Express et d’un centre d’affaires dans la zone dite du « Triangle de Gonesse ».

« Cette urbanisation concerne des terres particulièrement fertiles, alors que les bénéfices escomptés, notamment en termes de créations d’emplois, invoqués par la commune de Gonesse, ne sont pas établis », déclare le tribunal dans un communiqué. Le tribunal avait été saisi par des opposants au projet Europacity : associations de défense de l’environnement mais aussi commerçants, dont l’exploitant du centre commercial voisin Aéroville, le géant mondial Unibail-Rodamco-Westfield (URW). Dans ce secteur déshérité de la région parisienne, le projet Europacity – cumulant espace commercial (230 000 m³), culturel (50 000 m³) et parc de loisirs (150 000 m³) – a été imaginé comme une attraction touristique d’envergure internationale capable de drainer 31 millions de visiteurs (gratuits et payants) par an. Coût de l’opération : 3,1 milliards d’euros, soit le plus grand investissement privé en Fance depuis la construction de Disneyland Paris en 1992. Le projet est porté par Ceetrus, filiale immobilière du groupe Auchan, et le conglomérat chinois Wanda. « Les procédures administratives de notre pays s’inscrivent dans un temps long et nous les respectons », a réagi le promoteur auprès de l’AFP. « Ce temps long a été pris en compte (…) et nous sommes confiants dans notre capacité à mener à bien ce projet qui bénéficie du soutien de l’État », a-t-il ajouté. « Nous travaillons de concert avec les pouvoirs publics et l’aménageur (public Grand Paris Aménagement) pour faire d’Europacity un projet innovant, durable, vertueux, et pilote d’un point de vue environnemental, social et programmatique », a-t-il affirmé.

« Ancien monde »

Depuis des années, le projet oscille entre revers et feux verts. Les promoteurs espéraient ouvrir en 2024 au moment où Paris accueillera les jeux Olympiques. Ils ont dû ravaler cette ambition après le report, à 2027, de la construction de la gare. En mars 2018, déjà, le tribunal administratif de Pontoise avait annulé l’arrêté préfectoral créant la zone d’aménagement concerté (Zac) du Triangle de Gonesse. L’État a fait appel de cette décision. Parallèlement, le projet d’aménagement a été déclaré d’utilité publique par le préfet du Val-d’Oise en décembre. Dans sa décision consultée par l’AFP, le tribunal administratif a aussi considéré que la commune de Gonesse aurait dû présenter une « alternative sérieuse à un projet de nature à affecter considérablement l’environnement local et régional ». En faisant approuver le PLU, le maire avait outrepassé l’avis défavorable rendu par le commissaire-enquêteur à l’issue de l’enquête publique. Ce dernier estimait le projet « peu compatible avec la notion de développement durable ». Dans un communiqué, Jean-Pierre Blazy dit avoir « anticipé ces péripéties juridiques » et soutient qu’une « approche équilibrée est nécessaire entre protection de l’environnement et développement économique et social ». Dans le camp opposé, le collectif de commerçants salue une « décision historique » qui récompense « leur ténacité à lutter contre un projet issu de l’ancien monde ». L’opposant historique au projet, le Collectif pour le Triangle de Gonesse, reste quant à lui prudent : « Le rejet d’EuropaCity est donc général et l’annulation du PLU apporte une raison supplémentaire d’espérer. Mais la bataille n’est pas gagnée. » Il attend désormais une décision au sommet de l’État pour mettre un terme définitif à l’urbanisation de ces terres.