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Exportations de céréales

La France exporterait 16,5 Mt de blé tendre cette campagne. Et demain ?


TNC le 14/06/2024 à 12:07
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La France exporterait 10,2 Mt de blé tendre vers les pays tiers cette campagne, le volume le plus élevé depuis 2020/21. (© S. Leitenberger - stock.adobe.com )

Dans ses dernières prévisions, FranceAgriMer estime à la hausse le volume de blé tendre français exporté sur la campagne 2023/24. Quels seront les flux d’export dans les semaines et mois qui viennent ? Entre décisions politiques et aléas météo, l’incertitude est le maître-mot.

À quelques semaines de la fin de la campagne de commercialisation 2023/24, FranceAgriMer vient de relever sa prévision d’exportations de blé tendre français sur cette campagne, en estimant désormais à 10,2 Mt le volume expédié vers les pays tiers contre 10,05 Mt le mois dernier.

L’organisme abaisse en revanche de 70 000 t le chiffre relatif aux exports vers les pays de l’UE, avec des flux moindres vers les Pays-Bas et l’Italie. Si bien que la France exporterait en tout 16,48 Mt de blé tendre cette campagne, pas loin du niveau des deux précédentes : 16,65 Mt en 2022/23 et 16,91 Mt en 2021/22.

En demi-teinte sur les premiers mois de la campagne de commercialisation 2023/24, les exports de blé français ont repris du poil de la bête à partir de décembre. Leur cumul approchait fin avril son niveau de 2022/23. (© FranceAgriMer, d’après Douanes, SGS et Refinitiv)

Une estimation qui peut encore changer tant les facteurs d’incertitude sont nombreux sur les marchés céréaliers. La chute de l’euro, en début de semaine, pourrait par exemple jouer sur les flux européens et donc français à court terme.

Autour de 1,09 depuis la mi-mai, la parité eurodollar est tombée à 1,07 ce mardi puis ce jeudi, notamment face à l’incertitude générée par la poussée de l’extrême-droite lors des élections européennes, et par la dissolution de l’Assemblée nationale en France.

D’autre part, la Banque centrale européenne vient de baisser ses taux directeurs, contrairement à la banque fédérale américaine, note Marc Zribi, chef de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer. Conséquence : « l’appréciation du dollar par rapport aux autres monnaies, et en particulier par rapport à l’euro ».

Et si un euro plus faible enchérit le prix des énergies et des engrais importés, il profite en revanche aux exports de produits agricoles européens à l’international en les rendant plus compétitifs.

L’incertitude prédomine pour la campagne 2024/25

À plus long terme, l’incertitude prédomine aussi pour les flux d’export sur la campagne 2024/25.

D’autant plus que la Turquie, gros acheteur de blé et premier acheteur de blé russe, vient de suspendre pour quatre mois ses importations pour protéger son marché intérieur à l’approche d’une bonne récolte, tandis que l’UE a instauré des droits de douane prohibitifs pour bloquer l’entrée de grains russes sur son territoire.

« Les volumes russes, mêmes s’ils sont moindres, vont bien devoir se reporter ailleurs » en première partie de campagne, pointe Marc Zribi, ajoutant de la concurrence à l’exportation pour les blés européens.

Avec « à la louche 10 Mt de potentiel de moins que sur la campagne précédente », « on peut penser que la Russie sera moins présente aux exportations en blé » sur 2024/25, nuance-t-il.

De fait, la situation critique des cultures dans plusieurs régions russes a poussé les analystes à abaisser leurs prévisions pour la récolte 2024 de blé du pays. L’USDA l’évalue à 83 Mt, contre 88 Mt le mois dernier.