La FNSEA mobilisée pour que l’agriculture « reprenne son destin en main »
TNC le 10/01/2024 à 16:00
Alors que le nouveau premier ministre souhaite œuvrer pour que la France reprenne son destin en main, le président du premier syndicat agricole entend inscrire l’agriculture dans cette dynamique, et attend des avancées concrètes sur le stockage de l’eau, la déclinaison de la Pac, d’Ecophyto, ou encore la simplification administrative.
« Il y a urgence à rompre avec le déclin de l’agriculture française », assure Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, à l’occasion des traditionnels vœux à la presse du syndicat le 10 janvier. Pour l’agriculteur, renforcer la souveraineté alimentaire reste « une nécessité au moment où la France doit, selon les mots du nouveau Premier ministre, reprendre son destin en main ».
Car l’année qui vient de s’achever n’a pas été simple d’un point de vue agricole. Sur le plan économique, d’une part, avec un revenu en baisse de 13 % qui doit entraîner, pour la FNSEA, une vigilance accrue quant aux négociations commerciales en cours. « Ce qui compte pour nous c’est qu’il n’y ait pas de pression déflationniste sur la matière première agricole, or les premiers échos laissent à penser que les demandes sont de l’ordre de – 3 % à – 6 %. Nous avons demandé au ministre de l’économie Bruno Le Maire de diligenter des contrôles pour vérifier que la loi est respectée », explique Arnaud Rousseau.
Sur le plan climatique, les intempéries (tempêtes, inondations, mais également des sécheresses) ont entraîné pour les exploitants des pertes conséquentes, sur lesquelles la FNSEA attend, à court terme, davantage de réponses en matière d’indemnisation. Ces aléas illustrent par ailleurs l’importance d’avancer sur le stockage de l’eau, « sujet central de la compétitivité », rappelle Arnaud Rousseau. « À Sainte-Soline, la nappe affleure, il est compliqué d’intervenir dans les exploitations agricoles autour et on ne peut pas travailler, ce qui signifie bien que ça garde du sens de stocker de l’eau à certains moments de l’année pour l’utiliser quand elle manque », ajoute-t-il, demandant une plus grande mobilisation autour du stockage, compte tenu notamment du décalage entre les propos volontaristes du chef de l’État sur le sujet et la réalité constatée sur le terrain.
Une année d’élections
En 2024, le syndicat sera également mobilisé dans le cadre des élections européennes qui se tiendront en juin, le budget agricole représentant 30 % du budget de l’UE. « On aura 81 députés pour la prochaine mandature, or aujourd’hui il n’y a que six à sept députés français spécialisés dans la question agricole », souligne Arnaud Rousseau. « Il nous faut conserver des spécialistes de ces questions agricoles pour peser dans les discussions à Bruxelles », ajoute-t-il. Le syndicat souhaite aussi qu’un travail soit mené pour revisiter le Green Deal, de sorte à « en garder les morceaux les plus pertinents car la question climatique demeure, mais la souveraineté doit être reconsidérée », estime Arnaud Rousseau.
D’autres élections, celles des chambres d’agriculture, prévues en janvier 2025, occuperont également la FNSEA dont les représentants iront défendre la vision sur le terrain tout au long de l’année. Si d’autres syndicats dénoncent aujourd’hui une possible révision des modalités de financement, dans un décret en cours de rédaction au ministère de l’agriculture, « ce qui est sur la table est sur le même modèle que ce qui est proposé aux autres syndicats en dehors du monde professionnel agricole », rappelle de son côté Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA.
BCAE 2, zones humides, simplification… les autres sujets clés de 2024
Si les manifestations menées en fin d’année autour du slogan « on marche sur la tête » ont porté leurs fruits, avec la suppression de l’augmentation de la redevance sur l’eau, des réponses restent attendues sur plusieurs sujets de crispation : la déclinaison d’Ecophyto 2030, les paiements Pac en retard pour 5 à 7 % des dossiers, mais également sur les zones humides et le coefficient prairies. Des sujets sur lesquels le syndicat attend des réponses lors du prochain salon de l’agriculture.
Enfin, la FNSEA entend bien « s’engouffrer » dans les réflexions sur la grande loi de simplification qui devrait voir le jour pour les entreprises. « La première chose qui nous intéresse, c’est qu’est-ce qu’on retire. La simplification passe par le renoncement à certaines normes anciennes qu’il faut nettoyer », insiste Arnaud Rousseau, citant l’exemple des haies, aujourd’hui encadrées par 14 textes réglementaires qui découragent les agriculteurs souhaitant en implanter.
Si les sujets chauds s’avèrent nombreux pour l’agriculture française, des questionnements du même ordre traversent de nombreux pays européens — Pays-Bas, Roumanie, Pologne, et Allemagne ces dernières semaines, tient à souligner Arnaud Rousseau. Pour le président de la FNSEA, on retrouve à chaque fois « les mêmes ferments », à savoir « l’incompréhension grandissante entre la réalité de la pratique de l’agriculture, et les décisions qui sont prises par les gouvernements ». En France comme en Europe, « l’agriculture est à la croisée des chemins », insiste Arnaud Rousseau. En 2024, « reprendre notre destin en main, c’est ce qu’on réclame », insiste-t-il.