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Phytos, gestion de l'eau, installation

La FNSEA appelle le ministre à prendre les décisions politiques qui s’imposent


TNC le 30/03/2023 à 17:29

Christiane Lambert a évoqué devant le ministre l'ensemble des freins qui pèsent aujourd'hui sur l'agriculture française et l'incohérence des politiques face à la nécessité d'augmenter notre souveraineté agricole et alimentaire. (©Terre-net Média)

Si l’objectif de souveraineté alimentaire comme énergétique est revenu au cœur des débats suite aux crises mondiales qui se succèdent depuis 2020, le secteur agricole français aura besoin d’un soutien fort pour retrouver une compétitivité sacrifiée à coup de décisions politiques, a rappelé Christiane Lambert lors du congrès de la FNSEA à Angers, les 29 et 30 mars. Un discours tenu devant le ministre de l’agriculture qui a garanti son engagement à prendre les décisions politiques nécessaires.

A l’occasion de son dernier congrès en tant que présidente de la FNSEA, Christiane Lambert s’est fendue d’un long discours au ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, qui a préféré être présent le 30 mars à Angers, plutôt que d’accompagner le président de la République à Savines-le-lac pour l’annonce du plan Eau. Un choix assumé, qui lui a permis de défendre son action et celle du gouvernement pour redonner à l’agriculture un rôle clé dans la recherche de souveraineté.

Car après « 20 ans de surtranspositions et de refus de modernisation », l’agriculture française souffre d’un déficit grandissant en matière de compétitivité, a rappelé Christiane Lambert, énumérant toute une série de décisions délétères pour le secteur agricole : inscription du principe de précaution dans la Constitution en 2002, Grenelle de l’Environnement et décision de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires sans accompagnement en 2007, responsabilisation de l’Anses pour l’homologation ou l’interdiction des produits en 2014, ou encore interdiction des néonicotinoïdes en 2016.

Ne pas déserter le champ de la décision politique

Face à ce constat, le ministre n’a pas l’intention de déserter le champ de la décision politique, notamment en ce qui concerne les interdictions de produits phytosanitaires, qu’il n’entend plus laisser « à la seule appréciation d’une agence ». Prônant un « changement de méthode », Marc Fesneau a ainsi demandé à l’Anses un nouvel avis concernant l’interdiction du S-métolachlore.

Car cette évaluation, comme d’autres interdictions françaises, n’entre pas dans le même calendrier que celui conduit par l’Union européenne. Dans le même registre, Marc Fesneau entend également « faire en sorte que les choses rentrent dans l’ordre » en ce qui concerne la volonté d’arrêter la désinsectisation des bateaux qui partent de France pour exporter des céréales. Un non-sens qui freinerait les exportations françaises de grains, « au moment où des pays se demandent s’ils vont pouvoir se nourrir ».

Une détermination qu’il a également affichée au regard des évènements qui se sont déroulés le week-end dernier à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, et qui ont été évoqués à plusieurs reprises avec émotion et inquiétude lors du congrès. Pour le ministre, « nous ne devons jamais accepter que les règles soient dictées par la violence », a-t-il réaffirmé, défendant « un projet vertueux » dans un contexte où l’agriculture a plus que jamais besoin d’eau.

La souveraineté par la planification

Face aux injonctions contradictoires adressées aux agriculteurs, entre nécessité de produire et orientations du Green Deal, Marc Fesneau défend la planification, que ce soit pour la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, comme annoncé au Salon de l’agriculture par Elisabeth Borne, ou plus largement à travers « le pacte et la loi d’orientation agricole », une loi qui ne sera pas « un fourre-tout de toutes les sur-réglementations françaises », mais qui devra fixer la cap et donner les outils en matière de renouvellement des générations agricoles.

Si le plan Eau, autre forme de planification, était annoncé au même moment par le président de la République, l’agriculture n’est pas concernée par l’objectif général de réduction de 10 % des prélèvements. « On ne demande pas à l’agriculture d’efforts supplémentaires », a expliqué Marc Fesneau, tout en reconnaissant « qu’il y aura besoin sans doute de plus de surfaces à irriguer, ce qui passera donc pas plus de sobriété à l’hectare ».

Ces décisions seront-elles en mesure de mettre l’agriculture en position de relever les multiples défis auxquels elle fait face ? Défis climatique, environnemental, géopolitique, économique, ou encore démographique ont largement été évoqués à l’occasion d’une table-ronde avec les différents spécialistes du sujet. Si des transitions restent nécessaires à mettre en œuvre face à l’urgence de ces enjeux, les agriculteurs doivent en être les principaux acteurs et faire entendre leur voix. Le rapport d’orientation de la FNSEA, « entreprendre en agriculture, notre projet, notre futur », voté à l’unanimité, donne une partie des directions à suivre en ce sens par le nouveau conseil d’administration élu lors du congrès et dont Arnaud Rousseau devrait sans surprise prendre la tête le 13 avril, lors de l’élection du nouveau bureau de la FNSEA.