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Accord UE-États-Unis

La FNB dénonce la révision du « panel hormones » en faveur de la viande US


TNC le 14/06/2019 à 19:39
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Les Etats-Unis pourraient disposer à eux seuls d'un contingent de 35 000 tonnes de viande bovine sans hormones. (©Pixabay)

Selon la fédération nationale bovine et l'interprofession bovine, la révision, vendredi 14 juin, de l’accord entre l’UE et les Etats-Unis sur l’importation de viande bovine enfreint l’engagement de Bruxelles auprès de la France d’exclure les produits agricoles de toute nouvelle négociation commerciale avec les Etats-Unis.

L’importation en Europe de viande bovine en provenance des Etats-Unis faisait l’objet d’un conflit entre les deux parties depuis 1988 et jusqu’en 2009, année à partir de laquelle a été mis en place le « panel hormones ». Depuis 10 ans, les pays tiers exportateurs de viandes bovines vers l’UE disposent d’un contingent à droits de douane nuls dédié aux importations européennes de bœuf sans hormones : le fameux « panel hormones ». « Ce contingent, d’un volume de 45 000 tonnes, est ouvert à tous les pays et fonctionne selon la règle du « premier arrivé, premier servi », explique la FNB dans un communiqué.

A lire : Bœuf aux hormones – L’UE règle un vieux différend avec les États-Unis

« En perte de compétitivité face à leurs concurrents d’Amérique du Sud, les Etats-Unis ne remplissent aujourd’hui qu’une part minoritaire de ce contingent (13 000 t environ). Ils se sont récemment déclarés lésés auprès de la Commission européenne, qui a décidé, pour satisfaire leurs attentes, de tripler – ou presque – l’accès des viandes étasuniennes au marché européen. 35 000 tonnes de ce contingent actuellement ouvert à tous pourraient ainsi être désormais octroyées aux seuls Etats-Unis.

Pour la FNB, « Bruxelles ne respecte pas la volonté de la France ». Cet accord « intervient moins de deux mois après le refus clairement exprimé par Emmanuel Macron de mener toute négociation commerciale avec les Etats-Unis, et l’exigence par la France d’exclure a minima toute denrée agricole de ces négociations. »

« Un tel accord n’est-il pas totalement contraire à l’engagement pris par l’Europe auprès de la France de n’engager aucune négociation commerciale avec les Etats-Unis relative au secteur agricole ? Après avoir négligé le refus de la France d’entamer toute négociation avec les Etats-Unis, Bruxelles est-elle prête à mépriser, encore une fois, la position française sur ce sujet de société aux enjeux majeurs pour les éleveurs, mais aussi pour l’environnement ? » s’interrogent les éleveurs.

« Bruxelles ne peut avancer contre les éleveurs et l’Etat, en concluant, aveuglément, des accords commerciaux avec des pays ne respectant ni les engagements internationaux, ni nos standards européens de production de viandes bovines », commente Bruno Dufayet, le président de la FNB. Nous attendons une position extrêmement ferme de la France qui aura, au cours des prochaines semaines, à se prononcer sur la validation de cet accord par le Conseil. »

Des compensations pour les autres pays du panel

« En dépit d’une communication officielle de la Commission sur l’absence d’augmentation du volume global d’importations de viandes bovines en Europe (le volume du panel hormones de 45 000 t reste inchangé), la filière et tous les experts, à Bruxelles, s’accordent à dire que des compensations seront logiquement accordées aux autres pays utilisateurs de ce contingent. Parmi ces pays : deux pays du Mercosur avec lequel un accord de libre-échange est sur le point d’être conclu mais aussi l’Australie, avec laquelle des négociations sont en cours », explique Interbev.

« Bruxelles doit cesser de brader notre secteur, mais aussi la protection de l’environnement et la santé des consommateurs : le commerce ne peut pas se faire à n’importe quel prix », poursuit Dominique Langlois, président de l’interprofession bovine. « La Commission européenne doit également faire preuve de transparence ! Comment peut-elle déclarer publiquement exclure toute négociation agricole avec les Etats-Unis tout en accordant aux mêmes Etats-Unis un nouvel accès élargi au marché européen pour ses viandes bovines ? »