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Conséquences de la sécheresse

La Coordination rurale alerte sur les baisses de production à venir


TNC le 07/09/2022 à 16:48
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Lors de sa conférence de presse de rentrée, le 7 septembre, la Coordination rurale a alerté sur les conséquences de la sécheresse vis à vis de la sécurité alimentaire française (©TNC)

La sécheresse historique de l’été va laisser des traces sur la production agricole française, prévient la Coordination rurale. Alors que la situation reste incertaine pour les agriculteurs qui manquent de visibilité concernant le prix et la disponibilité des intrants, le syndicat demande des mesures pour soutenir la trésorerie des exploitants et protéger réellement la souveraineté alimentaire défendue par les pouvoirs publics.

Avec la sécheresse qui a commencé dès le printemps, les difficultés se sont cumulées dans les élevages qui subissaient déjà une forte hausse du coût de l’aliment. « On manquera de viande française dès la fin de l’année », a prévenu Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat, le 7 septembre.

« Début juillet, il a fallu nourrir le bétail avec les stocks qui venaient d’être faits avec la récolte de foin », détaille Natacha Guillemet, éleveuse en Vendée et responsable de la section Agricultrices de la Coordination rurale. Sur son exploitation, le coût des compléments est 30 % supérieur à l’année dernière, et d’une façon générale, les prix payés aux producteurs ne suivent pas cette augmentation des coûts de production. « En lait, il faudrait 100 euros de plus aux 1 000 litres pour vivre », indique-t-elle. Le prix de la réforme en vache laitière va inciter les éleveurs à décapitaliser, et accélérer le départ d’une partie d’entre eux proches de l’âge de la retraite, explique l’éleveuse.

Des céréaliers qui peuvent hésiter à emblaver

En grandes cultures, si les prix ont augmenté, la forte hausse des intrants rend la couverture des coûts de production difficile, explique Damien Brunelle, président de France Grandes Cultures. « Hier, on a refait le calcul, on avait un coût de production de 290 euros la tonne de blé, pour un prix, sur Euronext, à 306 €/t : si on enlève le prix du transport, il reste 281 €/t. Il nous manque en moyenne 9 euro la tonne », détaille l’agriculteur. En mars, avec la flambée des prix des intrants, le coût de production d’une tonne de blé était de 310 €/t, d’après les calculs du syndicat.

Quand les céréaliers ont vendu avant l’augmentation des cours, ou dans les zones intermédiaires, « les gens se posent la question : faut-il emblaver vu les prix et les incertitudes sur l’engrais ? », demande Damien Brunelle. « A la différence d’un éleveur, un céréalier peut décider de mettre un minimum d’intrants, ou de ne pas semer, mais après, ce sont tous les intermédiaires qui n’auront plus de matière », ajoute Bernard Lannes.  

Pour la Coordination rurale, le contexte exige des mesures conjoncturelles, notamment de soutien à la trésorerie. « On a des gens qui ont besoin de ne pas sortir d’argent cette année », rappelle le président du syndicat, citant plusieurs leviers à actionner : exonérations de cotisations sociales et de taxe sur le foncier non bâti (TFNB), année blanche pour les jeunes qui s’installent et ceux qui investissent. Mais sur le long terme, « on a besoin d’un marché organisé », ajoute-t-il, avec un prix minimum garanti.

Souveraineté alimentaire et renouvellement des générations

Pour Bernard Lannes, il faut également être attentif à la situation des jeunes agriculteurs, fragilisés par les crises. « On nous bassine avec la souveraineté alimentaire, mais elle ne se fera pas avec 150 000 ou 200 000 agriculteurs », insiste le président de la Coordination rurale. Or, « avec la crise qu’on vit, susciter des vocations sera compliqué », rappelle de son côté Natacha Guillemet, sans compter que les banques ne prêteront pas aux repreneurs si ces derniers ne peuvent pas se rémunérer correctement.

Pour soutenir les producteurs français et le pouvoir d’achat des consommateurs, la Coordination rurale défend par ailleurs un chèque alimentaire destiné « à acheter exclusivement des produits français, bruts ou faiblement transformés, frais, surgelés, en conserve », issus de tous modes de production et de toute gamme de prix ou de marque.