Hausse du prix du coprah, subventionné pour limiter l’exode
AFP le 01/03/2022 à 14:35
Le prix d'achat du coprah, la chair de noix de coco utilisée pour produire de l'huile, a augmenté mardi en Polynésie française où la culture de ce produit est déficitaire mais subventionnée pour maintenir les populations dans leurs îles.
Depuis ce mardi, le kilo de coprah est acheté 145 francs Pacifique (1,21 euro) au lieu de 140 francs (1,17 euro). Un prix deux fois supérieur à celui du marché mondial.
La Polynésie injecte, selon les années, entre un et deux milliards Fcfp (8,4 à 16,8 millions d’euros) pour préserver l’activité. L’huile de coprah est utilisée notamment dans la confection de savons.
Sur les 280 000 habitants de cette collectivité d’Outremer, « on a près de 8 000 producteurs, donc 8 000 familles qui vivent du coprah, ce qui fait plus de 30 000 personnes : imaginez si la moitié seulement ne gagnait plus rien et venait s’installer à Tahiti », s’est inquiété auprès de l’AFP Henri Leduc, directeur de l’huilerie de Tahiti.
Aidée par la Polynésie française, qui fixe les prix, son entreprise achète le coprah et le transforme en huile. Une partie de cette huile, environ 400 tonnes, est raffinée à Tahiti, pour produire du monoï. Les plus gros volumes, jusqu’à 8 000 tonnes, sont expédiés à Dunkerque chez un grossiste, avant d’être utilisés dans l’alimentation ou la cosmétique.
« C’est quand même une ressource économique, une production qui existe depuis le milieu du XIXe siècle avec maintenant 40 000 hectares de cocotiers : c’est la première filière agricole locale, en valeur, en nombre d’actifs et en surface » a précisé le directeur de l’Agriculture en Polynésie, Philippe Couraud.
Un producteur efficace peut fournir plus d’une tonne de coprah par mois, s’il dispose de suffisamment de cocotiers. Il doit ouvrir les noix de coco, en extraire la chair, puis la faire sécher pendant au moins six jours. Tous les quinze jours ou tous les mois, une goélette amène des provisions et charge le coprah.
L’archipel des Tuamotu produit 65 % du coprah local, mais on en trouve aussi aux Iles-Sous-le-Vent, aux Marquises et aux Australes.
Depuis la crise de la perle noire et la baisse de la fréquentation touristique, la coprahculture est, avec la pêche, le principal moyen de subsistance des îles et atolls isolés de Polynésie. Elle permet aussi leur désenclavement, car les navires qui viennent charger le coprah sont souvent leur seul lien avec Tahiti et leur seule source d’approvisionnement.