Genevard favorable à une limitation des exportations de blé ukrainien vers l’UE


AFP le 19/05/2025 à 14:20

La ministre de l'Agriculture Annie Genevard s'est dite favorable lundi à l'élargissement au blé des « freins d'urgence » déjà mis en place sur les exportations de certains produits agricoles ukrainiens vers l'Europe.

L’Union européenne a instauré depuis 2022 une exemption de droits de douane sur des produits agricoles ukrainiens pour soutenir Kiev face à l’invasion russe, à laquelle s’opposent les agriculteurs européens, dénonçant une concurrence jugée « déloyale » et une pression à la baisse sur les prix.

En 2024, Bruxelles avait reconduit le dispositif – qui expire en juin – en ajoutant des restrictions comme un plafond maximum pour certains produits (volailles, oeufs, sucre), mais pas pour le blé tendre ou l’orge par exemple, en dépit des protestations des céréaliers européens et de la pression de certains Etats membres comme la France, la Pologne et la Hongrie.

Au sujet de ces accords commerciaux avec l’Ukraine, « on les a durcis de facto parce qu’en 2024, on s’est aperçu que la levée des droits de douane avec l’Ukraine pour soutenir l’effort de guerre ukrainien allait déstabiliser, déstabilisait de fait profondément nos filières, notamment la volaille, notamment l’oeuf, notamment le miel, le maïs », a souligné la ministre sur franceinfo.

« Donc on a mis ce qu’on appelle des freins d’urgence pour diminuer les importations ukrainiennes parce qu’on allait beaucoup souffrir », a-t-elle rappelé.

A la question du journaliste « est-ce suffisant ? », la ministre a répondu qu’il fallait « continuer effectivement à contrôler les importations ukrainiennes. » Il faut même élargir « ces freins d’urgence » là où « ils ne sont pas, notamment au blé », a jugé la ministre.

« Aujourd’hui, les accords avec l’Ukraine n’incluent pas le blé », a-t-elle aussi indiqué plus tard à l’AFP, se disant favorable au fait d’« inclure le blé dans les freins d’urgence ».

« On ne peut pas laisser librement entrer les denrées ukrainiennes parce qu’elles sont trop déstabilisantes. Et là encore, c’est comme pour les accords de libre échange. Le cas ukrainien est évidemment particulier parce qu’on soutient l’Ukraine dans son effort de guerre », a résumé Mme Genevard.

« L’aide à l’Ukraine ne peut pas se faire au prix de la déstabilisation profonde de nos propres économies. Il faut raison garder dans cette affaire, il y a un équilibre à trouver dans le soutien, un soutien raisonnable, c’est un soutien qui est à la fois utile aux Ukrainiens mais qui ne déstabilise pas nos propres productions », a ajouté la ministre de l’Agriculture.