Fret, énergies, engrais : l’embrasement au Moyen-Orient bouscule les marchés
TNC le 19/06/2025 à 15:00
Les affrontements entre Israël et l’Iran pourraient menacer les approvisionnements en énergies et font redouter une montée des prix du pétrole, du gaz naturel et des engrais.
Ces derniers jours, l’aggravation des tensions au Moyen-Orient fait craindre une perturbation de l’approvisionnement mondial en pétrole, ce qui accroît la volatilité et pousse le prix du baril à la hausse. Il tourne autour de 77 $ ce jeudi 19 juin, presque 15 $ de plus que fin mai.
« Il y a eu en particulier des attaques israéliennes qui ont ciblé des infrastructures pétrolières iraniennes », explique Maria Gras, adjointe à la cheffe de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer. Elle pointe toutefois des signaux « plutôt baissiers » : hausse des volumes produits par les principaux pays exportateurs de pétrole (Opep +) et demande mondiale moindre, « plus ou moins entretenue par la guerre commerciale et les tarifs douaniers entre les grandes puissances ».
Du côté du gaz naturel, « on a une quasi-stabilité sur un mois », mais le contexte géopolitique pourrait bientôt générer des tensions : certains pays, comme l’Égypte, rencontrent des problèmes d’approvisionnement.
Vigilance aussi sur le prix du transport : le BDI, indice mesurant le coût du fret maritime des matières premières sèches (grains, charbon, etc.), a fortement grimpé depuis fin mai et atteint un pic le 16 juin, « porté par tous les segments de navires ».
Le conflit entre Israël et l’Iran risque de perturber le trafic maritime en lui-même. Alors que, côté mer Rouge, le trafic via le canal de Suez est toujours divisé par deux par rapport à son niveau de 2023, c’est aujourd’hui le détroit d’Ormuz, reliant le Golfe persique au Golfe d’Oman, qui se retrouve au cœur de l’actualité géopolitique.
« La crainte serait un blocage de ce détroit par l’Iran, qui pourrait conduire à une flambée des prix mondiaux du pétrole ou a à une pénurie énergétique pour les pays qui dépendent des énergies du Moyen-Orient », note Maria Gras.
Car le détroit d’Ormuz est stratégique : 20 % du pétrole mondial et une part importante du gaz naturel liquéfié y transitent. Les importations européennes depuis les pays du Golfe pourraient être affectées, ainsi que celles de la Chine, qui achète depuis deux mois du pétrole iranien pour contrer les sanctions douanières américaines.
Les affrontements menacent aussi le marché des engrais, « puisqu’environ 40 % des exportations mondiales d’urée sont concernées ». L’Iran a fermé ses sept installations de production, tandis que l’Égypte ne produit plus, faute de gaz venu d’Israël. Conséquence : « les prix des engrais commencent à augmenter, et seront à surveiller ».