Accéder au contenu principal
Prix du lait

Flambée des charges : la FNPL sera très attentive à l’application d’Égalim 2


TNC le 04/11/2021 à 14:19
fiches_IMG_2303

Daniel Perrin, Thierry Roquefeuil et Ghislain de Viron ont dresse un bilan de la loi Egalim et rappele l'importance d'une application efficace de la loi Egalim 2. (©TNC)

Très mobilisée sur la loi Égalim, puis sur sa deuxième version promulguée le mois dernier, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) sera attentive au respect des indicateurs de coûts de production par tous les opérateurs, afin d’assurer aux éleveurs une juste rémunération. Le sujet du prix rémunérateur est d’autant plus brûlant que les charges de production explosent.

Malgré la loi Égalim, « il manque aujourd’hui une quinzaine d’euros » (les 1 000 litres) pour une rémunération correcte des producteurs laitiers, a rappelé Daniel Perrin, secrétaire général de la FNPL, lors d’une conférence de presse le 4 novembre. La loi s’est en effet arrêtée en chemin, après avoir permis 16,45 € supplémentaires la première année (sur les 60 % du lait destinés au marché intérieur), puis 1,6 € la deuxième année, « l’effet d’Égalim 1, en 2021, est égal à zéro : il était donc important de travailler une loi plus efficace », renchérit Ghislain de Viron, premier vice-président de la FNPL.

Une hausse de prix qui ne représenterait, par exemple, que 5 centimes d’euros sur une bouteille d’un litre de lait. « La rémunération du producteur n’est pas l’ennemi du pouvoir d’achat du consommateur », rappelle Daniel Perrin, d’autant plus qu’existe une demande sociétale favorable au « rémunérascore », un système d’étiquetage qui informerait sur la rémunération des agriculteurs. L’objectif reste d’atteindre au minimum une rémunération de deux smic par mois. « Aujourd’hui, 20 % des producteurs de lait ont une rémunération au-delà du prix conforme, ce qui prouve que c’est possible », ajoute Thierry Roquefeuil, président de la FNPL.

MDD et coopératives concernées par Égalim 2

La loi Egalim 2, promulguée le 19 octobre, devrait permettre « une indexation plus automatique par rapport au coût de production », salue Ghislain de Viron. Et surtout, la loi s’appliquera à tout le monde, privés et coopératives. « Certains utilisaient l’indicateur de prix de revient pour aller vendre auprès de la distribution, à 388 euros, et au final rémunérer les producteurs à 340 €, ça ne peut plus marcher », ajoute-t-il. « Ce n’est pas possible de travailler comme avant, et de donner ce qu’il reste aux producteurs, il faut changer de paradigme », insiste Thierry Roquefeuil.

La loi s’appliquera par ailleurs à tous les produits, marques nationales comme marques de distributeurs (MDD). Et le lait faisant partie du décret d’application au 1er janvier 2022, les négociations commerciales qui commencent sont concernées par les dispositifs d’Égalim 2. « Dans le mois qui vient, on va rencontrer les enseignes une par une pour prendre la température », précise Thierry Roquefeuil.  

Hausse des charges : des difficultés à anticiper

Pour le président de la FNPL, il est d’autant plus crucial de faire respecter la loi Égalim qu’un certain nombre de producteurs connaissent des difficultés de trésorerie. « Avec les pouvoirs publics, on a mis en place une cellule de crise au niveau national », trois départements (Pyrénées-Atlantiques, Dordogne et Finistère) l’ont déjà relayée au niveau départemental. L’objectif est de repérer les producteurs en difficulté, avant que les problèmes ne soient trop complexes à résoudre. « Ca ne doit plus être un tabou, et c’est d’autant plus important avec la flambée des charges. C’est vrai que l’année a été exceptionnelle au niveau météo et fourrages, mais ça a aussi engendré plus de travaux d’enrubannage, d’ensilage, de moissons, et les factures des opérateurs arrivent maintenant dans les exploitations, et représentent parfois le double de l’année dernière », explique Thierry Roquefeuil.

Sans compter que l’augmentation des charges ne sera pas prise en compte dans le prochain indicateur de prix de revient, puisque ce dernier, calculé à partir des comptes de producteurs, se base sur les dernières comptabilités qui datent du 31 mars 2021. « On est dans la même situation qu’en 2008 et 2014, on avait un prix du lait correct, mais des charges en augmentation qui ont impacté le revenu, juste avant la crise en 2009 et l’embargo russe en 2015 », rappelle le président de la FNPL. La loi Égalim doit donc permettre de sécuriser le prix du lait sur les 60 % valorisés sur le marché intérieur.  

« Aujourd’hui, tous les feux sont au vert, la valorisation beurre poudre dépasse le marché intérieur (385,5 euros en octobre 2021), le prix du lait spot est à 500 euros, le prix allemand augmente… La demande et les volumes sont tout juste en phase, il est donc inadmissible que les prix ne soient pas rémunérateurs et que des producteurs soient obligés aujourd’hui de faire appel aux cellules de crise », insiste Daniel Perrin. Car l’enjeu, au final, est bien celui du renouvellement des générations et de la pérennité de la filière laitière, une filière dont le modèle familial est plébiscité par la société, et qui maintient de nombreuses industries et emplois sur le territoire, rappelle la FNPL.