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Importations

Entre 10 et 25% des produits agroalimentaires importés ne sont pas aux normes


AFP le 06/06/2019 à 18:45
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Un quart des produits importés ne respectent pas les normes imposées aux agriculteurs français. (©Pixabay)

Entre 10 et 25 % des produits agricoles et alimentaires importés en France ne respecteraient pas « les normes minimales » environnementales et sanitaires « imposées aux producteurs français », selon une estimation contenue dans un rapport sur l'agriculture française publié jeudi par le Sénat.

Le rapport s’inquiète de la « perte de compétitivité de l’agriculture française » face à ses voisines, l’Allemagne et les Pays-Bas notamment, en s’inquiétant du « dumping social européen » et d’une « sur-réglementation sanitaire en France » qui freine la production et les exportations agricoles françaises tout en encourageant les importations de moindre qualité. « Les importations de produits agricoles et alimentaires augmentent, alors que leur respect des normes de production exigées en France n’est pas assuré. Il en résulte une atteinte à la sécurité alimentaire des Français, à la compétitivité économique de l’agriculture et au revenu des agriculteurs », regrette le rapport.

« Nous consommons aujourd’hui en France, plus d’un jour par semaine, des produits qui sont uniquement des produits importés dans nos assiettes. Ce qui veut dire que la France agricole (…) qui était capable d’alimenter la totalité des Français, en quantité suffisante et en qualité, n’est aujourd’hui plus la même France. Le pire, c’est que dans cette alimentation qui provient d’ailleurs, un quart ne respecte pas les normes que nous imposons aux agriculteurs français », a déclaré jeudi le sénateur LR de la Haute-Loire, Laurent Duplomb, en présentant le rapport à la presse.

« Nous n’assurons pas le contrôle nécessaire pour que les produits qui rentrent de l’étranger correspondent à ce que nous demandons aux producteurs français », a encore regretté le sénateur : « les taux de contrôle physique » des marchandises sont « très faibles », entre 3 et 7 %. « En plus de mettre en péril la sécurité sanitaire » des consommateurs, ce phénomène exerce « une concurrence déloyale envers nos producteurs ».

« Chaque année, ce sont entre 5 et 10 milliards d’euros de produits illégaux qui seraient vendus en France et exerceraient une pression à la baisse sur les prix des produits français », souligne le rapport.

Dans le détail, le document souligne qu’entre 8 et 12 % des denrées importées des pays non européens ne respectent pas les normes européennes de production. Il cite notamment le thé de Chine (13 %), les piments de la République Dominicaine (16 %) et les pistaches des Etats-Unis (20 %) où le taux de non conformité constaté par les autorités en 2017 était « supérieur à la moyenne ».

Le document pointe aussi une fraude « plus importante » dans les produits biologiques, la Direction de la concurrence et des fraudes (DGCCRF) ayant constaté que « 17 % des contrôles physiques sur les produits issus de l’agriculture biologique » étaient « non conformes en 2017 ».

Mais il fustige surtout les produits agricoles (non bio) importés de l’Union européenne, où les taux de non conformité étaient en 2017 de 17 % pour les viandes fraîches de boucherie, 13 % pour les viandes fraîches de volaille, 25 % pour les produits à base de viande, 21 % pour le lait cru ou les produits à base de lait.

« Excédent commercial agricole divisé par deux »

Dans le même temps, « l’excédent commercial agricole français a été divisé par deux en moins de cinq années », s’inquiètent les sénateurs. Alors qu’elle était le troisième principal exportateur mondial de produits agricoles en 2005, la France occupe désormais le sixième rang avec environ 4,5 % de parts de marché. « Avec une perte de près de 2 points de parts de marché en 10 ans, elle affiche le plus fort recul mondial » : l’Allemagne et les Pays-Bas ont des parts de marché « supérieures à la France en matière agricole sur les marchés mondiaux », ajoute le rapport selon lequel « prétendre vouloir sauver l’agriculture française uniquement par la montée en gamme est une illusion ».

« Cela ne règlera en rien le problème des importations tout en menaçant certaines positions exportatrices. Cela exclut de facto les ménages les moins aisés qui n’auront que le choix de s’approvisionner en produits importés, moins onéreux, mais de moins bonne qualité », ajoutent les sénateurs en rappelant que les agriculteurs français tirent « environ 25 % de leur revenu des exportations ».