Du blé au colza, repli général des prix sur les marchés agricoles
AFP le 18/12/2025 à 11:21
Beaucoup de blé, plus de colza et un maïs résistant : avant la trêve des fêtes de fin d'année, dans un marché déjà au ralenti, les prix des céréales comme des oléagineux étaient en repli, de la Bourse de Chicago aux places européennes.
La tonne de blé tendre s’échangeait mercredi soir autour de 186 euros pour livraison en mars sur Euronext : non seulement un plus bas niveau pour cette échéance, mais un retour à « des prix du niveau de septembre 2020 », a relevé Gautier le Molgat, PDG d’Argus Media France.
Ce mouvement de baisse, alors que « beaucoup d’organismes collecteurs commencent à réduire leur activité » à l’approche de la fin de l’année, s’explique en Europe pour plusieurs raisons, selon l’analyste.
En premier lieu « le raffermissement de l’euro face au dollar, ce qui mécaniquement engendre un réajustement des prix des grains payés en euros », mais aussi « la poursuite de négociations de paix en Ukraine », qui rassurent les marchés quand à la disponibilité des grains.
Cette tendance au reflux est aussi observée de l’autre côté de l’Atlantique, avec à Chicago, un blé en recul sur une semaine, à 5,09 dollars le boisseau (environ 27 kg) à la clôture mardi.
Pour Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting, la baisse est directement liée à « une probabilité accrue d’accord de paix entre la Russie et l’Ukraine, ce qui se répercute sur les prix du blé et du pétrole brut », en baisse « en raison de craintes d’une offre excédentaire ».
Blé fourrager contre maïs ?
« L’idée serait que la Russie connaîtrait un regain d’exportations de blé et de pétrole si les sanctions étaient levées en cas d’accord de paix », a-t-il expliqué. D’autres facteurs plus immédiats expliquent le repli de la céréale du pain sur les marchés, comme le fait que l’Argentine ait « augmenté sa production à un niveau record de 27,7 millions de tonnes », a relevé Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors.
La Chine, très peu présente sur le marché des céréales ces derniers temps, « a acheté une cargaison de blé à l’Argentine, la première depuis plus de deux décennies », a souligné Dewey Strickler, estimant que cela pesait « sur les céréales dans leur ensemble ».
Le maïs résiste relativement à ce repli des cours des céréales et tend à se rapprocher des prix du blé. En Europe, le grain jaune est soutenu par la faiblesse des volumes d’importations de maïs en provenance d’Ukraine, toujours en proie à des difficultés de sa chaîne logistique.
Aux États-Unis, « nous pourrions commencer à voir les éleveurs se détourner du maïs au profit du blé en Asie et en Amérique latine », selon Michael Zuzolo. Ces blés de moindre qualité meunière seraient alors préférés au maïs comme fourrage pour le bétail, d’autant que la concurrence de prix promet d’être rude entre grain jaune d’Amérique du Nord et du Sud.
En attendant le soja brésilien
« Les exportations de maïs américaines ont été bonnes et le restent, mais depuis la fin novembre, nous avons commencé à observer un ralentissement du rythme des exportations », note Dewey Strickler. « C’est la dernière semaine complète d’échanges, les traders vont donc pratiquement faire leurs valises et rentrer chez eux après cette semaine », dit-il, suggérant que la volatilité pourrait revenir après la trêve des confiseurs.
Du côté des oléagineux (soja, colza, tournesol…), le mouvement le plus notable est celui du colza, qui retrouve des niveaux proches des plus bas enregistrés depuis deux mois.
La tonne de colza s’échangeait mercredi soir autour de 467 euros pour l’échéance la plus rapprochée sur Euronext, mais passait « sous les 450 euros la tonne pour l’échéance d’août 2026 » pour la nouvelle récolte : une réaction à la concurrence du canola (colza OGM canadien) mais aussi à la perspectives de hausse des surfaces en France, avec une estimation de + 6,4 % en 2026 selon la ministère français de l’agriculture.
Le soja américain était en baisse, dans l’attente toujours déçue d’achats promis par la Chine et qui tardent à se concrétiser. Étant donné que le Brésil devrait récolter dans quelques semaines seulement, « il semble un peu étrange que la Chine achète du soja aux États-Unis alors qu’elle pourra s’approvisionner au Brésil, où les prix seront probablement plus bas à ce moment-là », a résumé Dewey Strickler.