Des pistes pour sortir les zones intermédiaires de l’impasse


TNC le 20/05/2025 à 14:32
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Les zones intermédiaires souffrent d'un problème de rendement et de compétitivité qui les rend peu attractives pour les nouvelles générations d'agriculteurs. (© Adobe Stock, @Marc LOBJOY)

S’il n’existe pas de solution miracle pour ces territoires où les exploitations agricoles souffrent de faibles rendements et d’une dépendance importante aux produits phytosanitaires et à la mécanisation, des voies d’adaptation méritent d’être creusées, indiquent les chambres d’agriculture dans leur dernière Lettre économique.

Situées ni en zone de montagne, ni en zone de plaine, les exploitations des zones intermédiaires se caractérisent souvent par « des systèmes très spécialisés, avec une rotation colza, orge, blé de plus en plus importante, et donc ces systèmes sont largement tributaires des produits phytosanitaires », rappelle Magali Catteau, chargée d’études économiques à Chambres d’agriculture France.

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Contrairement aux autres territoires, ces zones n’ont pas profité de la spécialisation agricole et les faibles rendements ont conduit à un agrandissement progressif de la taille des fermes. Alors que la moyenne des exploitations françaises est de 70 ha, le dernier recensement agricole indique que cette taille moyenne atteint par exemple 120 ha en Centre-Val-de-Loire.  

Si l’agrandissement a permis de réduire la main d’œuvre agricole, le recours accru au matériel a contribué à une augmentation des coûts de production, « accentuant les difficultés d’un modèle peu productif et d’un marché volatil », explique Magali Catteau.  

Un impact limité des MAEC

Pour accompagner ces territoires, la Pac 2014-2020 a introduit une première Mesure agro-environnementale et climatique (MAEC), mais ses conditions trop exigeantes en matière de limitation de l’utilisation de produits phytosanitaires ont découragé les agriculteurs. Cette condition a été supprimée dans cette MAEC dans la Pac 2023-2027, et une deuxième MAEC a été introduite pour la polyculture-élevage en zone intermédiaire. Néanmoins, le budget alloué à ces MAEC, 30 millions d’euros par an, oblige les régions à définir des critères d’exclusion et reste insuffisant pour enclencher une transition massive.

Cuma, diversification, bio : des voies à explorer

Pour autant, en remettant en cause « le modèle agricole tel qu’on le connait aujourd’hui », les zones intermédiaires peuvent aussi être vues comme un « laboratoire du changement ». Deux voies d’adaptation sont ainsi suggérées par les chambres d’agriculture.

Premièrement, pour limiter le suréquipement matériel, qui accentue le manque de compétitivité de ces exploitations, le partage de matériel, par exemple via les Cuma, pourrait être davantage généralisé. Au-delà de la réduction des coûts de production, ces initiatives permettent également de renforcer les liens être agriculteurs d’un territoire, alors que les zones intermédiaires n’attirent pas les jeunes qui souhaitent s’installer.

Autre voie d’adaptation : les nouvelles stratégies agronomiques et culturales, à travers une plus grande diversification, l’agriculture de conservation des sols, les productions à forte valeur ajoutée (SIQO) ou encore l’agriculture biologique, avec une attention à porter cependant quant au risque de saturation du marché et sur les débouchés dans les territoires à faible densité de population.

Ces nouvelles pratiques pourraient répondre à un besoin en produits locaux, mais également « ouvrir la voie à l’installation d’organismes de recherche et de développement, souvent peu implantés en ZI, ce qui pénalise d’autant plus fortement ces départements », souligne Magali Catteau. L’enjeu est de taille car sans réponse aux difficultés de rémunération rencontrées dans ces territoires, le renouvellement des générations sera impossible.