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Sommet de l’élevage, Jour 2

Des manifs, mais pas (ou peu) de politiques pour les entendre


TNC le 04/10/2019 à 09:25
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La Confédération paysanne (à droite), le duo FRSEA-JA (au centre) et la Coordination rurale (à droite), ont manifestés chacun de leur côté au deuxième jour du Sommet de l'élevage, jeudi 3 octobre 2019. (©TNC)

En ordres dispersés, les syndicats agricoles – FRSEA-JA, la Coordination rurale et la Confédération paysanne – ont choisi le jour le moins « intéressant » sur le plan politique pour manifester dans les allées du Sommet de l’élevage. Conséquences de la sécheresse et du Ceta, mal-être et suicides dans le monde agricole, baisse du prix du lait : les motifs de colères sont pourtant nombreux.

Le premier jour, mercredi 2 octobre, le ministre de l’agriculture est venu inaugurer – comme le veut, la coutume – le Sommet de l’élevage édition 2019. Et, de source syndicale, Emmanuel Macron y passera peut-être vendredi 4, dernier jour du salon, en marge du 100e anniversaire du journal La montagne auquel il prévoyait de participer (du moins avant l’attaque à la préfecture de police de Paris survenu jeudi midi, pour laquelle le président est remonté à Paris, ndlr). Et pourtant, les syndicats agricoles n’ont profité ni de la venue de Didier Guillaume, ni de l’éventuel passage du chef de l’État, pour manifester leur ras-le-bol.

À lire : Sommet de l’élevage – Les syndicats agricoles unanimes : À quand une réelle cohérence politique ?

Les syndicats n’ont donc pas profité de la présence d’un membre de l’exécutif pour manifester leurs revendications. Ils ont manifesté ce jeudi 3 octobre, journée moins « intéressante » sur le plan politique.

Des députés pro-Ceta persona non grata

Ceci dit, il y avait bien des députés en visite dans la grande halle de Cournon. En l’occurrence Jean-Baptiste Moreau, député agriculteur de la Creuse, et Roland Lescure, président de la commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale. Tous deux participaient à un débat sur le Ceta quand des agriculteurs FRSEA-JA ont interrompu l’événement pour les pousser vers la sortie.

Les représentants régionaux de la FNSEA et Jeunes agriculteurs leur ont reproché leur vote en faveur du Ceta, l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada qu’ils ont rebaptisé « Contrat d’élimination totale de l’agriculture ».

Autre manif, autres motifs : une vingtaine de membres et représentants régionaux de la Coordination rurale ont manifesté dans les allées du Sommet, avec plusieurs motifs de colère et revendications. Sur le stand de la MSA, ils ont dénoncé l’endettement croissant des éleveurs, contribuant à pousser certains au suicide. Sur celui du ministère de l’agriculture, il était question des conséquences désastreuses de la sécheresse et des accords de libre-échange.

Plus loin, comme ils le font désormais à chaque salon depuis plusieurs années, ils ont critiqué la stratégie de Sodiaal, dénonçant une baisse du prix du lait « bien loin des promesses » du début de l’année.

La Confédération paysanne du Puy-de-Dôme, enfin, a elle aussi manifesté sur le stand du ministère de l’agriculture, pour dénoncer son « inaction » face aux conséquences de la sécheresse pour de nombreux éleveurs en manque de fourrage. « En plus du temps de travail et des surcoûts liés aux achats et à la distribution de fourrage, les éleveurs subissent de plein fouet une baisse des prix de la viande, directement liée à la sécheresse : les animaux, que plus personne n’est en capacité de nourrir, se retrouvent en même temps sur le marché de la viande, permettant encore aux acheteurs de faire pression sur les prix et de renflouer leurs marges. »

Pour le syndicat, il s’agissait aussi de réclamer « une vraie politique de gestion des risques climatiques ». « Face à cette double crise, climatique et économique, le ministre de l’agriculture ne trouve rien de mieux à proposer que de piocher dans le budget de la Pac pour financer la généralisation des assurances privées en agriculture. » À l’inverse, la Confédération paysanne revendique «  un accompagnement public des paysans vers des systèmes plus résilients, la mise en place d’un système mutualisé de gestion des risques climatiques, et la fin de toutes les subventions publiques aux assurances privées ».