Des manifestants bloquent une usine BASF près de Rouen


AFP le 17/11/2025 à 14:35

Plusieurs centaines de manifestants ont bloqué lundi pendant quelques heures l'usine BASF de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen, pour dénoncer la production de pesticides et des rejets de polluants éternels dans l'environnement.

Entamé à l’aube, le blocage du site a été levé peu avant 13h, a constaté un journaliste de l’AFP. « L’action est levée », a confirmé à l’AFP le syndicat agricole Confédération paysanne, tout en regrettant « deux interpellations » parmi les militants pour « outrage » et « rébellion ».

Une trentaine de manifestants se sont ensuite rendus devant le commissariat de Rouen pour demander la libération des personnes interpellées.

Quelque 300 personnes ont participé à cette action devant le site BASF accusé de fabriquer des produits dangereux pour la santé, et une soixantaine est parvenue à pénétrer à l’intérieur du site en forçant l’entrée à l’aide de tracteurs agricoles, selon la préfecture de Seine-Maritime. Les organisateurs, eux, ont affirmé avoir réuni environ 500 personnes. « Les premiers touchés, c’est les paysans, les paysannes et les salariés agricoles de ce système agrochimique », a déclaré Thomas Gibert de la Confédération paysanne qui co-organisait l’opération.

Un journaliste de l’AFP avait confirmé dans la matinée la présence de plusieurs centaines de manifestants, la plupart en combinaison blanche et brandissant des pancartes comme « BASF multinationale du cancer », « pesticide tue et pollue », ou « BASF exportateur de poison » autour de l’usine. Ils étaient encadrés par un important dispositif policier.

Arrivés vers 7H45, au moins une quinzaine de militants ont réussi à s’introduire dans l’enceinte de l’usine après avoir percé le grillage, tandis que sept tracteurs et des amas de terre interdisaient le passage à six poids lourds bloqués devant l’entrée.

« Des intrusions, des dégradations de matériels, des comportements pouvant porter atteinte à la sécurité du site et des attitudes d’intimidation à l’égard des personnels ont été constatés », a dénoncé la direction de BASF France.

Avec l’intervention des forces de l’ordre, « l’action a été rapidement contenue (…) Les personnes impliquées ont été appréhendées », a affirmé le groupe, annonçant son intention de déposer plainte.

En janvier, plusieurs associations avaient dénoncé l’impact du site sur l’environnement. Elles affirmaient que cette usine détenait le « record français, et de très loin, de rejets de TFA dans la Seine », un polluant éternel de la famille des PFAS.

BASF a indiqué qu’un plan mené depuis janvier a permis « une réduction de 85 % des émissions de TFA » depuis janvier.

Plusieurs organisations, la Confédération paysanne, le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest (CSVPO), Cancer Colère, les Faucheurs volontaires et les Soulèvements de la Terre, ont décrit cette opération coup de poing comme une « inspection des stocks afin de récupérer des preuves supplémentaires de la fabrication et du stockage de pesticides interdits, notamment à base de Fipronil », dans un communiqué.

« Cette usine produit en immense majorité des pesticides interdits en Europe pour l’exportation vers l’Amérique du Sud, c’est totalement illégitime », a affirmé M. Gibert, dénonçant la recherche de profits au détriment du bien commun et « l’indécence » d’entreprises qui, selon lui, « vont profiter aussi des accords de libre-échange comme le traité du Mercosur ».

Les PFAS et les pesticides posent un « problème majeur de santé publique », ont dénoncé les manifestants, citant notamment la multiplication de « cancers pédiatriques, maladies neurodégénératives et troubles hormonaux ».