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Guerre en Ukraine

Des grandes puissances agricoles promettent la sécurité alimentaire


AFP le 06/05/2022 à 15:15

De grandes puissances agricoles, dont l'Union européenne, les États-Unis, le Canada et l'Australie, se sont engagées vendredi à assurer la sécurité alimentaire du monde en dépit des chocs provoqués par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

« Nous nous engageons à travailler ensemble pour assurer qu’il y ait de la nourriture en quantité suffisante pour tout le monde, y compris les plus pauvres, les plus vulnérables et les personnes déplacées », écrivent ces 51 membres de l’Organisation mondiale du commerce dans un communiqué conjoint.

Ils promettent aussi de garder les marchés agricoles et alimentaires « ouverts, prévisibles et transparents en n’imposant pas de mesures commerciales restrictives injustifiées » sur les produits agroalimentaires ou les produits clés pour la production agricole.

Les membres signataires -dont sont absents de grands producteurs comme l’Argentine ou le Brésil- soulignent aussi que les mesures d’urgence prises pour faire face à la situation doivent provoquer le moins de distorsions possibles, être temporaires, ciblées et proportionnelles.

Il réclament encore que les produits achetés par le Programme alimentaire mondial -en première ligne pour tenter de compenser les pertes encourues sur le marché agricole mondial de la gigantesque production ukrainienne de grains ou d’huile- soient exempts de toute restriction ou interdiction d’exportation.

Une leçon durement apprise pendant la pandémie quand le système international Covax -qui devait pourvoir en vaccins les pays membres et surtout les plus pauvres- s’est vu privé de sa ressource principale de vaccins anti-Covid par la décision de l’Inde d’interdire les exportations de ces précieux flacons. Les plans de vaccination mondiale s’en sont retrouvés grippés pour longtemps.

Acteurs majeurs

La Russie et l’Ukraine sont deux exportateurs majeurs de blé, maïs, colza et huile de tournesol. La Russie est en outre le premier fournisseur mondial d’engrais et de gaz.

De nombreux pays -notamment sur le continent africain – dépendent des livraisons de l’Ukraine, qui exportait avant la guerre par la mer 4,5 millions de tonnes de production agricole par mois – soit 12 % du blé, 15 % du maïs et 50 % de l’huile de tournesol au niveau mondial (il en est le premier producteur mondial).

Ensemble, la Russie et l’Ukraine assurent 30 % du commerce mondial de blé.

La guerre et les risques qu’elle fait peser sur les récoltes et les livraisons -les ports ukrainiens de la mer Noire sont bloqués- a fait monter les cours de tous les oléagineux : en deux mois, le tournesol, comme le colza, a vu son prix grimper de 40 % sur le marché européen.

En Ukraine, le rendement de la prochaine moisson de blé devrait chuter d’au moins 35 % comparé à 2021 en raison de l’invasion russe, selon des images satellites analysées par la société de géolocalisation Kayrros dans une note publiée vendredi.

L’offensive russe et les sanctions économiques qui ont plu sur Moscou ont interrompu les livraisons de blé et autres denrées alimentaires provenant des deux pays, faisant s’envoler les prix des denrées alimentaires ainsi que ceux des carburants, en particulier dans les pays émergents.

Ce communiqué commun exhortant à garder les marchés ouverts arrive alors que des réactions protectionnistes se font déjà jour.

Ainsi, fin avril, face à la flambée des cours des huiles végétales c’est l’Indonésie -qui n’est pas signataire du texte commun diffusé vendredi- qui a annoncé la suspension de ses exportations d’huile de palme dont elle est le principal producteur mondial. Résultat, nouvelle hausse de prix déjà tendus par le risque que la guerre déclenchée par la Russie fait planer sur la production ukrainienne de colza ou de tournesol par exemple.

« La guerre en Ukraine va avoir un impact terrible sur les millions de gens qui font face à la famine partout dans le monde. Cela signifiera une explosion des prix de la nourriture, du carburant, du transport mais aussi moins de nourriture pour ceux qui sont affamés et il y aura encore plus de gens à souffrir de la faim », avait expliqué au Conseil de sécurité, le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley fin mars.