Dermatose nodulaire : la ministre de l’agriculture à la rencontre des éleveurs


AFP le 24/07/2025 à 09:27

La ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire, Annie Genevard, se rend jeudi en Savoie et Haute-Savoie à la rencontre des éleveurs affectés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) des bovins.

Annie Genevard doit commencer sa visite par une « réunion de crise » avec les éleveurs, élus et autorités de la Savoie et de la Haute-Savoie, signera une charte d’accompagnement des producteurs destinée à « soutenir financièrement et psychologiquement les exploitants » concernés, puis se rendra dans une exploitation de Hauteville-sur-Fier, près d’Annecy, pour assister à des opérations de vaccination contre la DNC.

Elle a été accueillie dès son arrivée, en début de matinée, à la préfecture de Chambéry par une « mobilisation paysanne et citoyenne » pour protester contre les mesures d’abattage total des bovins mises en œuvre ces derniers jours dans les troupeaux où se sont déclarés des cas de dermatose nodulaire contagieuse, à l’appel notamment du syndicat Confédération paysanne.

« Genevard, t’arrives trop tard ! »

« Nous ne laisserons pas la ministre organiser le sacrifice des fermes et des paysan.nes sur l’autel du commerce mondial ! », a fait savoir le syndicat, dénonçant la « stratégie inhumaine » du gouvernement.

Tenus à distance de la préfecture, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées pour manifester leur colère dans la gestion de cette épizootie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC). « Genevard, t’arrives trop tard ! » ont scandé les manifestants, emmenés par deux syndicats, la Confédération paysanne et la Coordination rurale.

« Faire de la vie des animaux, du travail des gens, juste de la marchandise,
c’est n’importe quoi », dénonce Kshoo, transformateur de produits biologiques à base de chanvre près d’Entrelacs, commune savoyarde où le premier foyer a été détecté, venu en soutien de la Confédération paysanne.

310 000 bovins à vacciner

Le premier cas a été signalé le 29 juin et, en date du 23 juillet 2025, 34 foyers de DNC ont été détectés en Savoie et Haute-Savoie, selon le ministère. Les mesures d’euthanasie des troupeaux concernés ont suscité une vive émotion dans les zones touchées où certains éleveurs ont tenté plusieurs jours durant de bloquer l’accès à leurs exploitations pour empêcher l’abattage.

Quelque 1 500 bêtes, pour 33 troupeaux, ont été euthanasiés, selon Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale et éleveur en Savoie. « On est plus pertinent à être ici (dans la rue, NDLR) que d’être à l’intérieur pour cautionner un cirque qui encore une fois va amener juste à valider quelque chose qui a été décidé dans les bureaux parisiens », a réagi Stéphane Galais, porte-parole de la Confédération paysanne.

La ministre participe à la préfecture à une « réunion de crise » avec des représentants des éleveurs, élus et autorités de la Savoie et de la Haute-Savoie. Elle est venue signer une charte d’accompagnement destinée à « soutenir financièrement et psychologiquement les éleveurs » concernés.

Elle se rend ensuite dans une exploitation de Hauteville-sur-Fier, près d’Annecy, pour assister à des opérations de vaccination, la campagne « obligatoire et entièrement financée par l’État » ayant débuté le week-end dernier et concernant environ 310 000 bovins dans une zone réglementée de 50 km autour des foyers, couvrant la majorité du territoire de Savoie et Haute-Savoie, ainsi qu’une partie de l’Ain et de l’Isère, indique le ministère sur son site.

« Un non-sens »

Un « maximum de doses de vaccins disponibles » a été commandé auprès de l’Union européenne « moins de 48 heures après le premier foyer confirmé le 29 juin », souligne-t-il.

Un animal vacciné est protégé à partir de 21 jours après l’injection d’une dose et les vaccins ont été utilisés avec succès pour éradiquer la maladie, notamment dans les Balkans, en Grèce et en Bulgarie à la fin des années 2010, selon le ministère. L’État a également annoncé qu’il indemniserait les propriétaires d’animaux euthanasiés et prendrait en charge l’élimination des carcasses.

Les manifestants ont dénoncé les mesures d’abattage total mises en oeuvre ces derniers jours dans les troupeaux où se sont déclarés des cas de DNC, mais aussi le manque d’accompagnement des éleveurs dont les troupeaux sont abattus.

« C’est un non-sens de perdre une, deux, trois bêtes sur un troupeau et de tuer tout le troupeau », a déploré Christian Convers. Il a aussi dénoncé « une faute de l’État » qui a selon lui tardé à obtenir les vaccins malgré les avertissements « que la maladie arrivait ». « On a perdu du temps ».

« Etre courageuse, madame la ministre, c’est venir (…) rencontrer ceux qui ont eu des élevages abattus, ceux qui souffrent en fait, et discuter avec eux de quelles alternatives on peut avoir, quelles projections on va avoir. Parce que là il y a la vaccination : est-ce qu’elle va continuer à tuer les vaches ? C’est ça la question », s’interroge Stéphane Galais.