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AG de la FDSEA Ile-de-France

Damien Greffin : «  Les décisions politiques sont idéologiques et incohérentes »


TNC le 24/05/2023 à 16:11
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La FDSEA, réunie à l'occasion de son rendez-vous annuel, rappelle sa volonté « d'être un interlocuteur exigeant face aux pouvoirs publics ». (©TNC)

La FDSEA Ile-de-France a placé son assemblée générale du 23 mai sous le signe de l’offensive. Au lendemain de la recommandation de réduction du cheptel bovin de la Cour des Comptes, la fédération dénonce les « mauvaises décisions politiques » qui menaceraient l’agriculture et le rôle fondamental d'arbitrage du syndicat.

Devant un parterre d’adhérents rassemblés à Louveciennes, la FDSEA Ile-de-France a tenu une nouvelle édition de sa radio plaine, animée par Pascal Berthelot. Les intervenants de l’assemblée générale ont mis en garde contre le risque de « déclassement » du monde agricole. Face à des détracteurs ignorant les contraintes et l’importance de la contribution du secteur, il serait indispensable de monter au créneau pour défendre la « Ferme France », selon la fédération.

« L’ignorance met à mal notre agriculture »

« Il y a une perte de notre indépendance alimentaire puisqu’on a depuis 2000 des importations qui ont pratiquement doublé alors que les exportations n’ont augmenté que de 50 %. C’est grave pour des raisons de souveraineté et de qualité alimentaire »,  constate l’économiste Emmanuel Le Chypre. L’éditorialiste ajoute ensuite que 10 à 25 % des produits d’importation ne respecteraient pas les normes européennes. En effet, un rapport du Sénat de 2019 indique qu’un quart des importations françaises ne respectent pas les normes sanitaires minimales requises en France.

Selon ce texte, la production française stagnerait et l’excédent commercial agricole français aurait été divisé par deux en moins de 5 années. Sophie Primas et Laurent Duplomb, respectivement, présidente et rapporteur de la commission examinant ce rapport ont plus récemment porté la fameuse proposition de loi pour « unchoc de compétitivité de la Ferme France »

Ce recul serait dû en partie à l’émergence d’une vision romancée de l’agriculture déconnectée des contraintes de production et un manque de priorisation stratégique, selon les participants de l’assemblée générale. « Les décisions prises en matière agricole aujourd’hui sont complètement idéologiques, totalement incohérentes, incomprises et dépourvues de bon sens », se désole Damien Greffin, président de la FDSEA Ile-de-France.

Il cite comme exemple le taux de 4 % de non-production « qui aurait été décidé sans véritable étude d’impact, au moment où les autres pays européens s’arment pour produire davantage ». Avec à terme un risque de désaffection de la filière agricole comparable à celle qu’aurait subi le nucléaire, selon le responsable syndical.

Le syndicat, premier défenseur du monde agricole

Partant du constat d’un affaissement des compétences, de prises de décisions idéologiques et de recul devant des « minorités bruyantes », le vice-président de la FNSEA réaffirme le rôle des corps intermédiaires. « C’est important de fixer un cap, un deal avec le gouvernement, mais aussi de partager plus largement nos fondamentaux et nos contraintes », poursuit Damien Greffin.

Le syndicat souligne également l’importance de son rôle à jouer dans les rapports avec les pouvoirs publics. « La FNSEA n’est jamais meilleure que quand elle tient sa place d’interlocuteur exigeant vis-à-vis des pouvoirs publics et est capable de fixer un certain nombre de lignes rouges », ajoute son président, Arnaud Rousseau.

Face aux critiques du modèle de production agricole, il entend promouvoir les « aménités positives » d’un secteur contribuant à l’atteinte de la souveraineté alimentaire mais aussi à la décarbonation, avec la production de biomasse. L’organisation syndicale reconnaît en revanche la nécessité d’améliorer la durabilité afin de répondre aux attentes sociétales.

Les pistes retenues pour atteindre ces objectifs sont l’innovation, la communication sur les défis rencontrés par les agriculteurs, comme sur les sujets de stockage multi-usages, et le passage d’un pacte avec le gouvernement pour éviter les écueils de « l’insécurité juridique ».