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Stage de parrainage

Damien, éleveur : « Tester le métier, le projet et l’entente avec les associés »


TNC le 01/11/2019 à 06:28
Stage-de-parrainage

Après ses 30 ans, Damien Moisan a eu « envie de revenir à l'essentiel, d'être au contact des animaux et à la tête » de sa propre exploitation. (©Gaec Saint-Lazare)

Avant de s'installer en Ille-et-Vilaine en septembre dernier, Damien Moisan a réalisé un stage de parrainage de près de six mois avec ses futurs associés. Il détaille, dans une interview vidéo, les multiples intérêts de ce dispositif, en particulier dans le cadre d'une installation hors cadre familial. Il permet notamment d'apprendre le métier au contact du cédant, de connaître les spécificités de l'exploitation et de voir si l'on va s'entendre avec les autres membres du Gaec. « Grâce au stage de parrainage, l'installation et la transmission sont progressives », insiste le jeune éleveur.

« On peut tester le métier, l’entente avec ses futurs associés et son projet : voir si celui-ci correspond bien à ses attentes et inversement, si lui et le profil du candidat à l’association conviennent aux autres membres de la société. »  Damien Moisan, installé à Monfort-sur-Meu en Ille-et-Vilaine depuis le 1er septembre 2019, est enthousiaste à propos du stage de parrainage. Un dispositif piloté par la chambre d’agriculture, dont il avait entendu parler par la presse spécialisée avant son installation. Il faut dire qu’il n’a plus de famille dans l’agriculture, ses parents n’ayant pas repris la ferme de ses grands-parents.

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« Ainsi, j’ai pu travailler pendant cinq mois et demi au sein du Gaec que j’avais prévu de rejoindre. Quand je leur ai proposé le parrainage, mes futurs associés, qui ne connaissaient pas cette formule, ont tout de suite été emballés », précise l’éleveur de 37 ans qui se souvient parfaitement « du jour où il a frappé, en mars 2018, à la porte de l’exploitation » dont lui avait parlé le Civam 35 et où l’un de ses amis avait fait un stage.

« Prendre tranquillement ses marques »

« J’ai tout de suite senti que, cette fois, ça allait marcher, confie l’agriculteur qui, même s’il était inscrit au répertoire départ installation (RDI) de son département, a mis du temps à trouver une ferme à reprendre et a vécu des moments difficiles lorsque son précédent projet d’installation n’a pas abouti. Aujourd’hui, il sait qu’il n’aurait pas été heureux à terme. Il se rappelle également de son arrivée, un an plus tard, au Gaec Saint-Lazare. « J’avais demandé à quelle heure je devais me présenter  : 6 h ? 7 h ? Mes parrains m’ont répondu : viens à 9 h. »

Après ses 30 ans, Damien Moisan a eu « envie de revenir à l’essentiel, d’être au contact des animaux et à la tête » de sa propre exploitation. (©Gaec Saint-Lazare)

Le ton est donné : le stage de parrainage permettra à Damien « de prendre tranquillement ses marques, la température de la ferme et l’outil de production en main ». Autrement dit « de s’essayer à chaque tâche » et de se rendre compte de ce qui va et ce qu’il faut améliorer pour être « de plus en plus autonome ». « J’ai la chance d’avoir été très accompagné avec un fonctionnement en binôme sur chaque atelier, souligne-t-il. J’ai pu m’installer en douceur. »

Grâce au stage de parrainage, la transmission est aussi progressive. Le ou les cédants, eux aussi, transmettent leurs savoirs-faire et lèvent le pied au fur-et-à-mesure. Parmi les quatre membres du Gaec, deux ne travaillent plus qu’une semaine sur deux, en alternance pour qu’il y ait toujours trois temps plein au sein la société. Un moyen « d’appréhender progressivement leur retraite d’ici trois ans et de se dégager du temps libre » en fin de carrière.

«  Pas d’engagement définitif »

« Avec le stage de parrainage, on a davantage le temps de suivre sereinement les différentes étapes du parcours à l’installation » et d’effectuer toutes les démarches nécessaires, ajoute le producteur laitier. « On peut aussi observer l’évolution du travail à la ferme au fil des mois, sur plusieurs saisons. » Il conseille vivement ce dispositif aux futurs agriculteurs, surtout s’ils s’installent hors cadre familial a fortiori en société et/ou s’ils ne sont pas du milieu agricole.

Reprendre une ferme est « un challenge, parfois même un pari, d’autant plus quand on s’associe avec des personnes qu’on n’a vu que quelques fois ». Pendant la période de parrainage, « on apprend à se connaître et à travailler ensemble, sans engagement définitif les uns envers les autres, ni avec les banques, les centres de gestion ou tout autre organisme, ce qui est forcément bénéfique pour tout le monde », met en avant l’éleveur. Il est convaincu de l’intérêt de ce système même pour ceux qui, comme lui, ont fait des études d’agriculture (BTS productions animales pour Damien) puis ont été salariés dans le para-agricole (technico-commercial dans l’agroalimentaire) et en élevage (agent technique à la ferme du Rheu) avant de décider de devenir éleveur.

« J’avais envie de revenir à l’essentiel, d’être au contact des animaux et à la tête de ma propre exploitation, explique Damien. Mais je ne voulais pas être seul afin de partager les responsabilités et de mieux concilier vie professionnelle et personnelle, avoir des week-ends tranquilles, des vacances. Être en bio était également important pour moi, c’est cohérent avec les valeurs que je défends et sur lesquelles je souhaite communiquer avec les consommateurs. »